Comme son comparse Bowie, Iggy Pop a eu le droit à sa "trilogie" d'albums à la fin des années 70. Low, "Heroes" et Lodger pour le caméléon, The Idiot, Lust For Life et ... TV Eye 1977 Live pour l'Iguane. C'est aujourd'hui de cet important témoignage sorti en mai 1978 chez RCA dont je vais vous parler.
1977 c'est le retour aux affaires d'Iggy. Après les Stooges et l'incartade Kill City avec son pote (et ex-Stooges) James Williamson, Iggy n'est plus rien, addict à tout et sans l'ombre d'un sous en poche. Au contraire de lui, à la même époque, Bowie fréquente les hautes sphères cocaïnées de Los Angeles. Et pourtant, David n'abandonne pas Jim, et lui rend réguilèrement visite à l'hôpital où il est interné. Il l'embarque finalement sur sa tournée Isolar, celle du Thin White Duke et de Station To Station. Les deux se retrouvent finalement au château d'Hérouville, pour travailler paisiblement à leur musique, et à la réinvention de l'Iguane Pop.
De cette fabuleuse collaboration sortiront les deux meilleurs albums solo d'Iggy Pop, The Idiot, recorded in Hérouville, et Lust For Life, recorded in Berlin. Les deux hommes s'inspirent mutuellement, et tentent de se guérir peu à peu de leurs excès passés (ça marchera pas trop mal pour Bowie, mais pour Iggy ...). On se souvient avec passion des tournées des Stooges, déchaînées, le chanteur en transe, fureur pré-punk. Pour défendre ses nouveaux projets, Jim pense à reprendre la route, aux côtés de son acolyte, Bowie. Le retour des Stooges, sans les Stooges, à l'heure du punk, le parrain sur les routes.
Finalement, il tourne en Europe et aux US, avec un groupe relativement stable, composé des frères Sales, Tony à la basse et Hunt aux fûts. Ils ont participé à l'enregistrement de Lust For Life à Berlin, et, justement, on retrouvera ces deux individus au sein de Tin Machine, le groupe plan plan de David Bowie de la fin des années 80. Le dit-Bowie l'accompagne aux claviers, et quand il n'est pas là, c'est Scott Thurston qui s'en occupe. Deux guitaristes se relaient, Ricky Gardiner, le gars de Lust For Life, à l'origine de l'iconique riff de "The Passenger", et Stacey Meydon, le trousseur de riff de l'Isolar Tour du caméléon.
Ils forment un ensemble assez bruyant, tout à fait adapté à la musique d'Iggy Pop.
La musique, parlons en tiens. L'album est composé de huit pistes,point barre, quatre titres des Stooges, et quatre titres solo, l'équilibre est là, entre tradition et modernité (mais oui Jean-Pierre). L'album est composé de chansons issues de quatre shows différents, ça se faisait beaucoup à l'époque, histoire d'obtenir le meilleur live possible.
C'est d'ailleurs un très bon live, mais les performances sont affreusement mal mixées. Cela n'empêchera pas l'appréciation de TV Eye, mais les mélomanes "précis" seront sûrement un peu décontenancés par l'affreux mix d'Iggy et Bowie. Certaines prestations sont carrément inaudibles, comme celle de "Lust For Life" ou de "Sixteen". Cependant, les titres des Stooges ("TV Eye", "I Got A Right", "Dirt" & "I Wanna Be Your Dog") passent super bien, de même que "Funtime", avec des choeurs impériaux de ce cher Bowie. "Nightclubbing" est drôlement revisitée, j'avoue ne pas être certain de mon avis sur cette interprétation ...
En réalité, c'était pour en finir au plus vite avec son contrat le liant à RCA que l'Iguane a sorti TV Eye, en réclamant même une avance de 90000$ à la maison de disque pour le terminer. Cet album, malgré ses défauts apparents (ce mix!), est un témoignage important de la carrière d'Iggy Pop, on parle quand même de sa première tournée solo, défendant les chefs-d'oeuvre incroyables que sont The Idiot et Lust For Life. Sorti sous sa pochette rouge vif, TV Eye ne rencontrera absolument aucun succès.
Jim Osterberg est un revenant, un vrai. Il fera comme Lou Reed, ira signer chez Arista, la deuxième partie de sa carrière commence ...
TV Eye, témoignage live d'une résurrection.
TV Eye Live 1977, full album
https://www.youtube.com/watch?v=1bqG8Y7c97U&list=PLLfLWygNyBDO4UJUE1JLFvNc-_Z331C6i