Fortiche le rosbeef
La première fois que j'ai écouté l'album j'étais ivre et le lendemain en gueule de bois je l'ai réécouté plusieurs fois malgré la migraine, foncez c'est génial.
le 23 janv. 2022
1 j'aime
Tyron "Slowthai" Frampton connaît mieux que quiconque la douleur d'être représenté dans une certaine dimension. Pour l'observateur lambda, le rappeur de Northampton est le bad boy lourdement tatoué, tellement embourbé dans la toxicomanie qu'il n'a aucune idée de comment se comporter correctement en public. Regardez-le jouer le psychopathe américain éclaboussé de sang dans son dernier clip "CANCELLED" ft Skepta, ou agitant la tête coupée de Boris Johnson lors de la cérémonie du Mercury Prize ou encore, se comportant mal aux côtés de la comédienne Katherine Ryan sur scène puis essayant de se battre avec un gars du public aux NME Awards 2020.
Le lendemain, Slowthai s'est excusé sur Twitter et a demandé à NME d'envoyer sa récompense à Ryan. Puis la pandémie a frappé et le monde s'est arrêté. Slowthai avait de grands projets pour la saison des festivals d'été. Au lieu de cela, comme tout le monde, il est entré en quarantaine. Il est resté avec sa mère et sa fiancée dans sa ville natale et a essayé de comprendre la suite.
Son nouvel album "TYRON" semble servir de croissance, un voyage d'auto-réflexion, une façon de mettre le passé fermement à sa place, mais pas avant de se moquer des personnes qui ont essayé si fort de l'empêcher de continuer son travailler.
Déjà, le titre implique déjà qu'il va montrer aux auditeurs le vrai lui, le but est de montrer définitivement à quel point il est multi-facettes. Il arrive en deux moitiés, la face A avec sept chansons plus tapageuses avec des titres tous en majuscules, la face B écrite en minuscule, du matériel plus mélodieux et quelques moments de beauté authentique.
L'intro "SMOKE 45", est un freestyle qui montre Slowthai à son meilleur, jouant évidemment sur le personnage de rebelle qu'il a cultivé, mais si vous écoutez bien, la chanson est plus touchante qu'elle n'y paraît.
Sur "CANCELLED", Slowtha appel à l'aide Skepta sur une piste qui fait référence pas si subtile aux NME 2020. Cette chanson était l'occasion pour Slowthai de s'excuser à nouveau et de reconnaître ses erreurs lors des récompenses NME. Chose à moitié faite mais sans être exceptionnelle, la collab est enflammée.
"MAZZA" qui voit ASAP Rocky venir faire un couplet, ressemble étrangement à la potion magique Bourne/Carti. Ce qui n'empêche pas d'être un bon gros banger briseur de nuque.
"VEX" est introduit par un superbe mantra à la réverbération qui explose en une rafale de paroles puissantes, aussi tranchantes que violentes. Slowthai suinte de vantardises sur cette piste, optant pour un flux lyrique plus familier pour ses fans, tout en lui offrant également un côté plus inquiétant. "DEAD" opte à nouveau pour la polyvalence d'un rythme Grime plus traditionnel et met en scène Slowthai plongeant dans lui-même ses défauts.
Cela résume bien sa performance sur la première moitié de TYRON.
Toutes ses insécurités balancées ensemble, leur seule libération étant la combustion chaotique de la 1ère mi-temps de TYRON . Il a gardé ses insécurités trop longtemps et à la fin de cette moitié, ils sont passés d'un faisceau d'énergie désordonnée à une tension de pensées plus matures, prêtes à s'échapper à travers le son de la seconde moitié.
La deuxième partie adopte une approche beaucoup plus discrète que son prédécesseur. Les rythmes lourds deviennent plus lucides et les paroles troquent leur agressivité pour l'introspection; ce côté est également plus fort, avec des invités bienvenus comme Deb Never, James Blake, Denzel Curry, Dominic Fike et Mount Kimbie.
"i tried" prend un rythme IGOR-esque de Tyler the Creator chargé de guitares bluesy et d'angoisse internes. Le titre permet de voir les parties vulnérables de Slowthai, avec des paroles comme “I’ve got a sickness, that I’m dealing with, it feels like I’m sinking, all of the time”. L'instrumentation ici est plus en phase avec une ambiance de la côte est, plus comme le Pop/Rap doux de Brockhampton , qui porte sur la majeure partie de la deuxième face.
"Terms", mettant en vedette Denzel Curry et Dominic Fike, est facilement le point culminant de l'album entier, avec la voix douce et chaleureuse de Fike rebondissant autour des murs de l'environnement sonore, associée à la voix décalée de Curry, et Slowthai fournissant sa performance vocale la plus impressionnante sur l'album. Chaque artiste reflète parfaitement les talents et les rythmes de chacun.
L'apparition de Deb Never sur "push" fait de cette chanson un moment bouleversant.
James Blake et Mount Kimbie, induisant une ambiance douce, apparaissent sur "feel away". Sur "nhs", Le spleen emporte tout sur son passage tandis que James Blake et Mount Kimbie, induisant une ambiance douce et mature, apparaissent sur "feel away" qui est en quelque sorte une chanson d'amour.
L'acte de clôture, "adhd" est un contraste frappant avec l'intro brusque "SMOKE 45". Son rythme lo-fi ressemble beaucoup à un enregistrement maison, son brut, et des paroles lourdes, avec des thèmes déprimants d'une mélancolie écrasante.
TYRON est un album qui aurait pu se vautrer dans l'apitoiement sur soi, mais ce n'est pas le cas. Au lieu de cela, à une exception près, TYRON est un disque intelligent, révélateur et expérimental où Slowthai ne se trouve pas en tant que tel, mais s'explore plutôt.
TYRON est une tentative réussie d'exécuter un concept intéressant, et son ambition d'essayer quelque chose d'un peu non conventionnel est la preuve que Slowthai reste un artiste intrigant.
8/10
Créée
le 13 févr. 2021
Critique lue 517 fois
8 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Tyron
La première fois que j'ai écouté l'album j'étais ivre et le lendemain en gueule de bois je l'ai réécouté plusieurs fois malgré la migraine, foncez c'est génial.
le 23 janv. 2022
1 j'aime
Du même critique
Au début du mois d'avril, Metro Boomin a posté une photo sur son Instagram Story avec la légende, "Retired from rap". Pardon?! Le meilleur producteur du game mondial prend sa retraite? Choc. Aucun...
Par
le 3 nov. 2018
24 j'aime
2
Automne 2016, je ne fais qu'écouter "Blonde". Il est sorti fin août mais je n'sais pas, à ce moment là, l'été qui était encore là, une première écoute qui m'avait un peu perdu, l'inévitable...
Par
le 27 sept. 2020
21 j'aime
2
Gaspard Augé, connu comme la moitié de Justice, le duo qui a uni le rock et la rave et dont les fracas du dancefloor ont défini une génération, vient tout juste de sortir son premier album solo...
Par
le 25 juin 2021
20 j'aime
3