Ultraviolence
6.8
Ultraviolence

Album de Lana Del Rey (2014)

Il me semblerait juste d'introduire cette toute première critique musicale en disant à quel point critiquer la musique est une chose difficile. La musique est un art ou la cause directe de l'émotion est indescriptible en ce langage qu'est la dialectique. En effet, ce que peut nous procurer des suites d'accord, ou des compositions rythmiques sont des choses qu'on explique difficilement par des mots. Mon objectif, en critiquant cet album, va être de comprendre ce que je peux comprendre, et de décortiquer ce que je peux décortiquer, pour expliciter ce qui sont, pour moi, les points de bascule qui font que la magie a ou n'a pas prit.

Mais alors, comment ce fait t'il que cet album, vendus au milieu de tout un tas d'autres albums insignifiants et qui ont cessé d'exister six mois après leur sortie, comment ce fait t'il que celui là m'aie tant touché et qu'il continue encore aujourd'hui, le dimanche 7 mai 2023 ?

Tout d'abord, et pour commencer par ce qui fait que cet album est si exceptionnel, je parlerait de la disposition presque charnelle du chant de Lana Del Rey sur ce disque. Elle manipule tout un tas de textures vocales qui dessinent les contours de ses cordes vocales et de sa disposition matérielle à chanter. Dans chacune de ses intonations, dans chacun de ses cris, dans chacun de ses chuchotements, en fait, à chaque fois qu'on l'entend, on sent une grande sincérité dont le secret se trouve dans quelque chose de finalement très simple : les capacités et les limites de son corps. De fait, et rien que dans sa façon de chanter les mots, on ressent un proximité sensuelle avec la chanteuse. Cette proximité fait que tout une tonne de sentiments et d'émotions nous arrive dessus de façon très directe. Cet album est certes très dramatique, mais, nuance importante, n'est jamais juste triste. Il y a toujours, et dans chaque instant de chaque morceau, plusieurs émotions qui se superposent. Et tout cela, juste dans la voix de Lana. Et c'est bien ça la puissance du projet, ces émotions complexe et cette tristesse intrinsèque au monde et aux relations qu'elle s'efforce de décrire, c'est ça qu'on appelle la mélancolie, et qui est transmise, rien qu'avec la présence de sa voix.

Ensuite, je parlerais de l'espace instrumental dans lequel chante Lana Del Rey. Celle ci se ballade entre pleins d'objets musicaux qui se disposent dans un rythme lent et plein de reverb. Ceux-ci, sont comme des bourreaux pour Lana dans le monde de sa musique. Elle tente de suivre le rythme, impuissante, mais ceux-ci continuent à avancer et à se propager dans différentes couches instrumentales. En écoutant les morceaux de l'album, on s'y croirait vraiment : ces guitares qui nous rappelle Les grands espaces de la campagne américaine, ces percussions qui sonnent comme ce qui structure les sentiments de Lana Del Rey, ou ses voix en arrière plan dans lesquels on entend des cris de détresse. En fait, dans ce climat, chaque instrument devient, en lui même, vecteur d'émotion malgré le fait que jamais, un instrument ne prend le dessus sur la voix de la chanteuse. En fait, les instruments, et de façon tout à fait humble, prolonge les émotions de Lana. Lorsqu'elle arrive aux limites de sa voix, c'est les instruments qui prennent le relais pour prolonger le spectre qu'est Lana jusqu'a l'infini. C'est la toute la grandeur et la puissance de l'album.

Avant de conclure, je ferais un petit point sur d'autre éléments qui constituent mon appréciation de l'album mais qui ne sont pas centraux. Au niveau des paroles, Lana Del Rey construit beaucoup de belles images, ce qui contribue à nous transporter dans son monde. Elle récite pas mal de clichés Rock 'n' roll mais cela n'est pas trop impactant en partant du postulat de la qualité de son interprétation. L'album n'est pas très bien équilibré, dans la mesure ou tout les morceaux les plus impressionnants et marquants se trouvent dans la première partie, là où, dans la seconde, se trouve tout les morceaux qu'on pourrait communément appeler "morceaux d'album". La cover est excellente, elle nous place directement dans une dynamique, dans un lieu, qui semblent pleins de sentiments.

En conclusion, je dirais à quel point il est important de voir en quels point cet album est plus intéréssant et profond que certains disent. L'authenticité de cet album ne vient, certes pas des paroles, mais du chant de Lana Del Rey, tellement beau, et d'une grande classe féminine. Malheureusement, ce frisson, est difficile à trouver dans le reste de sa musique, et dans le reste de la musique commercialisable.

Mes 3 morceaux préférés :

Brooklyn Baby

Cruel World

Pretty When You Cry

Note Finale : 9,1/10

Eliranzk
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Top 50 Albums et Les albums qui ont changé votre vie

Créée

le 11 mai 2023

Critique lue 93 fois

6 j'aime

3 commentaires

Eliranzk

Écrit par

Critique lue 93 fois

6
3

D'autres avis sur Ultraviolence

Ultraviolence
Wonderland
7

50 Shades of Cool

Lana. Ma Lana. Au début je dois avouer que je ne t'aimais pas. "Video Games" m'insupportait : une énième chanteuse à destination des pleurnicheuses prépubères, me disais-je, dans la droite lignée des...

le 14 juin 2014

43 j'aime

6

Ultraviolence
Chro
3

Comme une parodie d’une BO de Lynch, interprétée par une godiche lobotomisée.

Par Tom Gagnaire Chez Lana Del Rey, tout semble tellement fake qu'on peine à croire à la sincérité de la demoiselle dans cette tentative risible de vouloir faire un disque plus abrasif, rauque et...

Par

le 26 juin 2014

31 j'aime

29

Ultraviolence
le_rat
9

"Ca vous met en train pour une bonne petite fête d'ultra violence"

Après l'album très abouti et très agréable qu'étais "Born to die", puis de son édition "Paradise" qui rajoutait une bonne flopée de nouveau titres tout aussi excellents. Il faut dire que j'attendais...

le 16 juin 2014

22 j'aime

6

Du même critique