2 novembre 2017
Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de ce double album, c'est la rupture que Frank Zappa et ses Mothers of Invention opère avec la musique pop de certains de leurs albums précédents ... on se retrouve ici face à des compositions plus proches de la musique savante, mais toujours agrémentée de la propre sauce accompagnant l'oncle viande.
Ce qui est considéré par certains comme son chef d'oeuvre pourra aux oreilles de certains sembler inaudible, il n'en reste pas moins un album-clé de sa discographie révélant les multiples facettes de son talent : on trouvera au gré de l'écoute des références au doo-wop, au blues, au rock, au jazz et à la musique classique.
Le tout est entrelardé d'interventions parlées et d'enregistrements live rendant un goût particulier à l'ensemble. Si vous n'avez pas peur des goûts éclectiques et épicés, ce disque est pour vous, sinon vous pouvez toujours choisir le resto d'à côté.
Bonne dégustation !
12 septembre 2021
Rien de ce qu'il a produit jusque là, ni de ce qu'il produira par la suite, n'aura cet aspect complexe qu'a cet "Uncle Meat", faisant de cet album la pierre angulaire de sa discographie. C'est pourquoi je prendrais la peine de détailler chacun des morceaux qui le composent.
"Uncle Meat: Main Title Theme" : tout commence avec un thème délicieusement exécuté, où le vibraphone donne sa pleine mesure mélodique, le tout se poursuivant sur un air de clavecin aérien, avant de se terminer sur des bruitages électroniques ... le ton est donné ! Beaucoup d'artistes de ce qu'on appelle le RIO (Rock In Opposition) s'inspireront de ce genre de démarche.
"The Voice of Cheese" : une courte présentation de Suzy Creemcheese, bien sûr surréaliste, comme le personnage.
"400 Days of the Year" : morceau aussi intitulé "Nine Types of Industrial Pollution" est un instrumental qui entame vraiment le débat, la guitare enchanteresse de FZ et ses circonvolutions étant le noeud central du morceau.
"Zolar Czakl" : il propose un intermède d'une minute, sous forme de musique cartoonesque, telle qu'il aime en composer. Là aussi, je pense que des artistes, tels The Residents, trouveront une partie de leur inspiration.
"Dog Breath, In The Year Of The Plague" : on a ici droit à un morceau dans le plus pur style parodique, à la mélodie envoûtante et aux choeurs somptueux, les voix font ici un malheur, on frôle la perfection. Le morceau se termine avec une instrumentation sonore minimaliste absolument ravissante.
"The Legend Of The Golden Arches" : s'ensuit une mélodie enfantine, un peu simpliste, mais du plus bel effet. Beaucoup de la musique "cheap" actuelle n'arrive pas à ce niveau de simplification, ce morceau peut se rapprocher des recherches qu'il effectua avec son Synclavier. Le morceau divisé en deux parties, se termine sur un clavecin plutôt bucolique.
"The Mothers Play Louie Louie At The Royal Albert Hall In London" : tout est dit dans le titre.
"The Dog Breath Variations" : les variations proposées sont envoûtantes, passant du synthé au vibraphone ... charmant.
"Sleeping In A Jar" : court morceau dans le plus pur esprit surréaliste qui entame ainsi la face B.
"Our Bizarre Relationship" : court dialogue entre FZ et Suzy sur leur relation bizarre.
"The Uncle Meat Variations" : le variations, tout comme celles de "Dog Breath" commencent avec un clavier minimaliste, mais se poursuivent ici avec divers instruments avant de se terminer avec des voix burlesques et une guitare électrique lapidaire. Robert Fripp n'est pas loin.
"Electric Aunt Jemima" : on passe sans crier gare à une musique de variété, genre de doo-wop parodique et ridicule, tout comme on peut en trouver sur l'album précédent "Cruising With Ruben & the Jets".
"Prelude To King Kong" : tout comme indiqué, on assiste à un prélude très free comme ce morceau libre pouvait l'être. Personnellement, je trouve que toutes les versions de "King Kong" qu'on peut trouver sur les diverses compilations en public ont de l'intérêt, elles démontrent à quel point ce morceau était génial dans sa conception. Vraiment, si liberté d'improvisation il y avait au sein des Mothers, c'est bien à travers ce morceau qu'il s'exprimait le mieux, et ce prélude en est une des plus parfaites démonstrations. Epique !
"God Bless America" : il va sans dire que cette version au kazoo est irrespectueuse. Scandaleux !
"A Pound for a Brown on the Bus" : cette mélodie sort tout droit d'un esprit biscornu, c'est certain !
"Ian Underwood Whips It Out" : Ian Underwood explique comment il a intégré le groupe en jouant comme un damné du saxophone lors d'une audition, s'ensuit la démonstration en public, qui est effectivement convaincante, 4 minutes de pur bonheur !
"Mr. Green Genes" : la face C débute par une superbe mélodie qui propose un basson profond accompagné d'une voix envoûtante sur des paroles complètement absurdes où il est question de tout manger, ses chaussures et même un camion à ordures et son chauffeur !
"We Can Shoot You" : le vibraphone, des percussions, un orchestre de chambre, des sonorités bizarres, tout ça pour un morceau ludique au possible !
"If We'd All Been Living in California ... " : un court dialogue où il est question des conditions matérielles du groupe ... FZ a un faible pour introduire ce genre de dialogues entre certains morceaux ...
"The Air" : un second morceau de Doo-Wop, dans la plus pure tradition parodique ...
"Project X" : ce morceau bucolique apporte de la sérénité dans un album qui en a bien besoin, histoire de trouver son équilibre. Une véritable pièce d'orfèvrerie !
"Cruisin' for Burgers" : on termine cette face par un morceau de variété complètement déjanté.
"King Kong Itself (as played by The Mothers in a studio)" : à partir d'ici, on entame la face 4 de ce double-album qui est consacrée au morceau "King Kong", cette partie est une introduction au morceau ...
"King Kong II (its magnificence as interpreted by Dom DeWild)" : on poursuit sans interruption sur la lancée, avec le solo de Dom de Wild, qui n'est personne d'autre que le claviériste Don Preston ...
"King Kong III (As Motorhead Explains It)" : puis l'intervention de Jim "Motorhead" Sherwood au saxophone ...
"King Kong IV (The Gardner Varieties)" : avant que Bunk Gardner nous transcende, toujours au saxophone ...
"King Kong V (As played by Three deranged Good Humor Trucks)" : 31 secondes farfelues avant d'entamer les choses sérieuses ...
"King Kong VI (Live on a flat bed Diesel in the middle of a race Track at a Miami Pop Festival ... The Underwood Ramifications)" : et pour finir ce disque en beauté, une prestation détonante qui fait exploser les neurones !