Les Stones s’en étaient plutôt très bien sortis avec « Tattoo You » en 81 mais la suite va les conduire droit dans le mur, pas tout de suite mais la muraille se rapproche et la qualité de leur musique s’effondre. On a bien du mal à trouver des titres intéressants lors de ces maudites années-là. Ils en tireront d’ailleurs les conclusions en se séparant en 86 pour quelque temps. L’ambiance est devenue à couteaux tirés entre les Glimmer Twins, Jagger et Richards, chacun regardant désormais dans une direction différente. Jagger, lui, est fan de nouveautés, de synthés, de pop, new wave, de paillettes et de batteries électroniques (tous les trucs à la mode en quelque sorte en 82 !) alors que Richards voudrait maintenir une voie blues rock plus traditionnelle. Dans ces conditions, difficile de s’entendre. Quant aux 3 autres, ils sont aux abonnés absents, regardant les 2 leaders s’écharper, Bill Wyman pris par ses projets musicaux persos, Charlie empêtré dans ses addictions. Seuls Ron Wood essaie modestement de fournir un morceau, « Pretty Beat up », qui ne casse pas 3 pattes à un canard, c’est le moins qu’on puisse dire. Le résultat est un ratage dans les grandes largeurs avec un « Undercover of the Night » qui s’apparente un peu à du n’importe quoi, un collage étrange et inclassable mais qui ne fonctionne pas. Le reste est mou et sans intérêt à l’exception de « She was hot » qui dépote légèrement, pas un chef d’œuvre non plus mais en 82 chez les Stones, on n’en est plus là…On a la très désagréable certitude que ce groupe naguère immense, est en train de se disloquer et qu’il ne pourra pas tenir longtemps. La dispute entre Jagger et Richards ne faisait que commencer et elle allait être si violente qu’ils ne s’en sont jamais vraiment remis aujourd’hui encore ; voir les pages que Richards consacre à son vieux frère ennemi dans ses mémoires de 2010, pleines de tendresse et de regret en même temps, quelque chose s’est irrémédiablement cassé entre eux.