Hubert-Félix s’est lancé dans une tournée « débranchée » dans des salles à taille humaine, laissant provisoirement les Zéniths auxquels il est habitué, l’occasion d’interpréter ses morceaux dans des versions épurées et pas tant de tubes que ça (à part « Lorelei Sebasto Cha »). N’attendez pas de « Fille du coupeur de joint », ici, elle est laissée au placard, c’est une ambiance mélancolique, pas forcément joyeuse qui est privilégiée et Thiéfaine nous embarque avec lui dans son univers assez sombre (« Juste une valse noire », « La ruelle des morts »…). Même « Pulque, Mezcal y Tequila » prend dans cette formule un aspect de lendemain de cuite un peu vaseux bien plus que de fête arrosée. Les arrangements sont très soignés avec par exemple le long solo de violoncelle en intro de « Les Dingues et les Paumés » ou encore le superbe saxo embrumé sur « Page Noire ». Décidément, en studio comme en concert, Thiéfaine reste depuis des décennies un artiste envoûtant, définitivement impossible à ranger dans une case (héritier à la fois de Dylan et Ferré ???). Je regrette beaucoup d’avoir raté cette tournée car j’ai adoré ce double CD, une pierre de plus à une discographie live assez fantastique, on se souvient par exemple de Bercy en 99 ou de la tournée des 40 ans de carrière, aux ambiances bien différentes et c’est tant mieux. Il n’est jamais trop tard pour le découvrir.