Essayons de se remettre dans la tête des membres de Korn en 2000, quand le groupe doit commencer à travailler sur son 5ème album. Ils sont parvenu à initier, via leurs deux premiers albums, un nouveau mouvement musical, ils se sont permis de gagner en facilité d'accès et en bourrinage avec Follow the Leader et ont tenté de revenir vers un son plus personnel pour Issues, album salué par la critique et le public (enfin, personnellement je n'accroche pas trop sur Issue que je considère comme le plus mauvais des 5 premiers albums, mais bon). Le chemin est désormais dangereux pour Korn. Dangereux, ou au contraire salutaire. Malgré des énormes tensions dans le groupe, les 5 musiciens vont offrir au monde le visage du Korn nouveau. N'hésitons pas à dire que c'est pour cela qu'il y a eu des soucis (notamment avec Head à la sortie de l'album), tant il est révélateur de ce vers quoi le groupe veut se diriger.
Le groupe a digérer sa période Life is Peachy qui était très audible dans Issues, il est temps de passer à autre chose, notamment en s'éloignant de l'aspect "crade" et DIY des débuts. Ça s'entendait avec Follow the Leader, Korn veut de la propreté.De plus, comme sur Issues, ils veulent du lourd, mais pas aussi lent cette fois. Il faut donc chercher une nouvelle façon de faire son son, sans se trahir et cet album apparaît comme une belle révélation de ce que Korn peut faire.
S'ouvrant sur Here to Stay, Korn montre à tous qu'ils ont gardé de la violence, des rythmes entrainant, une voix, plus que jamais au top, un aspect lourd, sans être endormant. Here to Stay apparaît comme ce qu'aurait pût être Issues : de la violence mais entrainante et pas trop lourde. Cette petite pépite est un véritable morceau d'anthologie, mais heureusement pas le seul. Blame renoue également avec la violence et notamment ce son de slap si caractérisque de Fieldy. Difficile également de ne pas voir en Bottled up Inside un héritage de Issues. Le son de guitare est saturé, qu'on se le dise. Pour autant grâce à du matériel top, on a le droit à une grande pureté dans le son. Les guitares sont véritablement sublimes, font mouches à chaque fois. Touchant exactement le son recherché. Le travail sur le chant est tout aussi bon, totalement somptueux, Jonathan Davis nous offre le meilleur de lui !
Si l'album est rempli de bon morceaux (Thougless, Beat it Upright, No One's here), certains étant dans les classiques de ce fait Korn (I'm hiding) on a surtout le droit a beaucoup d'expérimentation musicale. Korn n'a jamais caché une influence new wave, ce qui est d'ailleurs un point commun avec Deftones, les autres fondateurs du néo-métal. On a trop souvent oublié que la new wave, avec le hip-hop et le métal fait partie des origines du néo-métal.
L'écoute d'Embrace prouvera à tous que malgré une grande maitrise vocale, Jonathan Davis n'hésite pas à user d'effet pour la beauté sonore. Mais le plus remarquable c'est bien évidemment ce virage new wave, ou plutôt électronique, qui est présent et dont je parlais il y a un instant. Bien sur on le notera légèrement sur One More Time, mais là où c'est vraiment remarquable c'est sur Alone I Break et Wake up hate. Si le dernier est d'une puissance, très éléctro dans le son, violent à souhait mais également dans un héritage total de Nine Inch Nail, le premier montre une facette plus triste, plus déprimé de Korn. Une facette que les fans connaissent depuis longtemps mais qui n'était pas assez exprimé à mon avis. Cette fois Korn l'a mise en avant, dévoilant toute la solitude de Jonathan Davis.
Ce virage sonore sera poursuivit avec plus ou moins de succès dans les années à venir, montrant que des sons éléctros peuvent aider, que Korn ne doit pas également avoir peur de faire des petites balades plus douce si ça peut permettre de dévoiler plus de profondeur émotionnel. Cet album est un véritable succès, n'en déplaise aux puristes, Korn continue d'offrir de la qualité !