Le jour de gloire est arrivé ce Mardi 17 Septembre 1991 !...
Ticket de caisse de la FNAC Créteil faisant foi, il est mien depuis mon passage en caisse à 10h04 !
Vingt minutes plus tard, j'ai commencé à me l'injecter dans le ciboulot. Puis une seconde fois pour en être imbibé et me sentir en parfait état pour vous relater l'expérience "Use Your Illusion" : le nouveau CD de Guns n' Roses ! Un album chambré à 16 cartouches et d'une incroyable durée de 82 mn ! Tout le monde ignore le secret de fabrication pour le caser sur un CD limité à 74mn !
Originellement prévu sous la forme d'un double album, le groupe a préféré passer au tamis leur pépites pour en extraire que les plus belles. Récemment sur MTV, Slash a révélé que chaque single sera agrémenté de 3 ou 4 chansons écartées de la sélection de l'album. Tel était déjà le cas sur le single "You Could Be Mine"paru en juin dernier, suivi de "Civil War" (présent sur l'album), "Don't Cry" (une ballade mi-figue mi-raisin), "Dead Horse" et "14 Years" (chantée par Izzy). Ainsi, l'odyssée "UYI" devrait s'étendre sur une trentaine de titres !
Fort de 28 millions d'exemplaires écoulés d"Appetite" sur la planète Terre, nul n'ignore qu'Axl Rose a tout fait pour s'octroyer une place au premier rang, face au soleil du business pour le confort de son séant et accessoirement ceux de ses acolytes. Dorénavant, au Diable l'esprit fraternel du groupe car chaque chanson est créditée de ses véritables auteurs & compositeurs.
Pour investir "Use Your Illusion", pas besoin de s'essuyer les pieds au préalable. Suivez le guide, incarné par Duff et sa basse distillant désormais un son plus chaud, plus ronflant, moins métallique. Il balance ses notes perché sur un tank piloté par Matt Sorum, serial-drummer, recruté dans l'armée du Cult en remplacement de Steven "Pop Corn" Adler, fusillé par les siens pour trahison auprès de Mr Brownstone. Sorum fait preuve d'une puissance de frappe inouïe, chirurgicale et ravageuse loin du son vintage du Pop Corn. Puis leurs complices débarquent un à un pour fracasser la porte d'entrée qui mène directement vers l'Enfer ("Right Next Door To Hell"). Axl Rose s'égosille toujours comme un chat que l'on égorge sur cette compo co-signée par Izzy & lui-même qui fait l'effet d'un ramponneau reçu pleine ganache !
Pas de répit lors de la deuxième étape, Guns s'empare du "Live & Let Die" de McCartney en le gavant de testostérone et de puissance.
Déjà connu et incontournable, "Civil War" fait figure de sépulture et d'épitaphe pour Steven Adler dont c'est la seule apparition sur l'album et probablement la dernière sous le maillot de Guns. Cette power ballad restera vraisemblablement un morceau emblématique du groupe, Slash y fait une démonstration sublime, plongé dans un groove bluesy teinté de Jimi Hendrix.
Tout au long de "UYI", Slash, le guitar-hero le plus comics de l'histoire du Rock, nous déballe une épatante palette de son talent qu'il a répandu récemment chez Iggy Pop, Lenny Kravitz et parait-il chez Michael Jackson !. Toujours identifiable par un son de guitare unique, il fait preuve de boulimie et nous régale de riffs Metal, de Blues, lors de chacun de ses soli, de Wah-Wah, d'acoustique, de bottleneck, de banjo...
La quatrième piste est "Bad Obsession", un power blues signé Stradlin et West Arkeen (déjà co-auteur de "It's So Easy") featuring Michael Monroe à l'harmonica et au saxo. Ce titre est déjà familier des fans car il figure parmis d'autres nouveautés sur des bootlegs dénichables aux Puces de Saint-Ouen, chez certains disquaires des Halles ou dans les conventions moyennant 200 balles !
"Perfect Crime" est un morceau épileptique, le club des 5 s'en donne à coeur joie et Axl Rose tel un chat mué en tigre, hurle avant le solo de Slash, un jouissif "Fuck Yaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa".
"Get In The Ring" sert de tribune au leader rouquin pour régler ses comptes avec ses détracteurs journaleux en les insultant grassement. Hormis cette bénéfique leçon de slang, la compo est la plus Metal de l'album et devrait être diffusée en boucle à Lourdes pour accomplir des miracles, tant elle réveille les membres.
Guns n' Roses s'accorde un break avec "You Ain't The First", un blues acoustique, d'un romantisme ironique (tout comme "I Used To Love Her"), qui sent la fermeture de pub et clamé à trois voix ivres (Axl + Duff + Izzy).
Puis Izzy pose sa voix sur "Double Talkin' Jive", encore un morceau nerveux qui se termine par un fondu enchainé de Slash mué en virtuose du flamenco.
Après avoir voyagé à bord d'un "Nightrain" urbain, le cheminot Axl conduit désormais "Locomotive" durant un long voyage de 8mn. Slash alimente la bête de toute sa maestria et de sa wah-wah et Rose y incruste pour la première fois son piano dans le répertoire du groupe. L'alchimie est totale entre l'intro de Sorum qui lance la machine, Slash qui met le feu et Axl Rose qui fait dérailler le morceau vers une arrivée enivrante.
"Back Off Bitch"est un reliquat heavy de la période "Appetite" qui met en lumière les riffs imparables de Slash et les incroyables modulations de voix de son frère ennemi.
Des Gunners sous amphet nous convient au "Garden Of Eden", une éjaculation musicale jouée sous la bannière d'Axl Rose proclamant : "This fire is burnin' and it's out of control, it's not a problem you can stop, it's rock n' roll" !!!
"Breakdown" est un voyage à travers les grands espaces du sud américain chers à Lynyrd Skynyrd. Un autre morceau épique de 7mn empreint de banjo, de sifflotage façon "Patience", de soli étourdissants et de piano sous influence Elton John. Par son rythme parfois lancinant, on perçoit l'influence du film "Vanishing Point" (aka "Point Limite Zero") de Richard Sarafian sorti 20 ans auparavant. D'ailleurs (Straits), Axl Rose reprend mot pour mot une longue tirade du DJ aveugle "Super Soul" lors du final.
"Don't damn Me" en rajoute une couche heavy grâce au doigté exceptionnel du "Half-Beast / Half-Man" : Slash !
Le groupe propulse "Shotgun Blues", un Hard Rock effréné qui tel une décharge de fusil à pompe n'épargne aucun de ses auditeurs sur sa trajectoire.
Le 16 Octobre prochain, je claquerai volontiers 30 francs pour profiter de "You Could Be Mine" sur grand écran en tant que bande-son de "T2", aussi baraqué que Shwarzy et sorti quelques mois auparavant en single.
L'album met 10mn à se clôturer avec l'orgiaque "Coma", un titre juke-box dans lequel Axl & Slash démontrent qu'ils sont les capitaines indiscutables de l'équipage. Sous ses apparences grandiloquentes, "Coma" explose de mille sons et couleurs comme un feu d'artifice.
Désormais il me tarde de rencontrer enfin ces gugusses en live au Zénith ou pourquoi pas à Bercy ?! En espérant y prendre en pleine poire "Breakdown", "Garden Of Eden", "Locomotive"... Hâte de découvrir les prochaines chutes de studio dont un duo avec Alice Cooper, "November Rain" (entendu sur divers bootlegs) au final dramatique avec Slash en chef d'orchestre, un autre morceau flirtant avec les 10mn baptisé "Estranged"...J''ai surtout hâte de découvrir la suite de leur discographie. Que Guns n' Roses éclabousse au moins les deux prochaines décennies comme il éclabousse en ce moment les années 90 !!!
"Use Your Illusion" m'a poussé à ranger les derniers brûlots en date que sont le "Black Album" de Metallica "Slave To The Grind" de Skid Row et "10" de Pearl Jam !
Sur ce, je vous laisse, je vais m'atteler à enregistrer ce chef d'oeuvre sur une K7 métal flambante neuve que je m'empresse déjà de diffuser, fenêtres ouvertes, à bord de ma 205 !...