Issu de la rencontre de quatre étudiants en musicologie à la prestigieuse université de Columbia, Vampire Weekend, qu’on pourrait qualifier de lointains héritiers des Talking Heads, nous sert un cocktail détonant d’afrobeat, de punk et de musique classique. Vaste melting-pot des influences du quatuor, qui ont permis la création du groupe, ce premier album réalise la symbiose, inopinée mais brillante, de genres sous-exploités dans la musique populaire actuelle. Ainsi, on aura le plaisir d’entendre du clavecin (sur M79 notamment, dont l’intro peut nous faire penser à une musique de bal), de la clarinette (sur A-Punk), des percussions africaines (sur Cape Cod Kwassa Kwassa et One) et de nombreux instruments peu usités de nos jours, ce qui ne sera pas sans nous rappeler les subtils arrangements de Funeral d’Arcade Fire.
Comme par magie, ces arrangements, bien moins expérimentaux que ceux de Radiohead sur le décevant The King of Limbs qui tentait de combiner électro et afrobeat, s’insèrent parfaitement sur les rythmiques punks (le Hey Hey de A-Punk pourrait même nous faire penser au légendaire Hey Ho, Let’s Go des Ramones), orchestrés d’une main de maître par la frappe puissante du batteur Christopher Tomson et la basse solide de Chris Baio. L’album se permet même des excursions dans le monde de la musique électronique via l’habile utilisation des synthétiseurs (notamment le Chamberlin, ancêtre du Mellotron) aux tonalités 8-bits sur One, par exemple.
En définitive, Vampire Weekend est un album novateur, subtil et complexe, qui vient souffler un vent de nouveauté sur la pop de la première décennie du siècle, et qui ravira les oreilles de tous ceux qui prendront le temps d’en percevoir toute l’ingéniosité.