Un des albums que j’attendais le plus cette année, voici le dernier Ulcerate.
Cette entité néo-zélandaise livre son quatrième jet deux ans après ce chef-d’œuvre qu’est The Destroyers Of All. J’ose dire chef-d’œuvre car il montrait un Ulcerate plus affirmé que jamais au sein de la scène death metal, s’éloignant de plus en plus de sa base héritée de Gorguts et son Obscura en s’inspirant également du post metal, du doom et d’entités dites avant-gardistes comme Deathspell Omega.
Ulcerate a su créer son alchimie et évoluer dans sa propre voie, représentant désormais une des perspectives les plus intéressantes du death metal, qu’on peut dès lors qualifier de « post death metal ».
Avec ce Vermis, le groupe va encore un peu plus loin. Le son est ultra puissant, et on peut dire qu’avec cet album, Ulcerate a acquis le petit plus qui lui manquait sur le précédent – on s’en rend compte maintenant - : la majesté.
Oui, il y a des morceaux qu’on peut très décemment qualifier de majestueux. Ce sens du riff à la fois alambiqué et pourtant tellement percutant, l’enchaînement en apparence chaotique et paradoxalement tellement maîtrisé des rythmiques, éléments qui rendront souvent la musique difficile à suivre pour les non-initiés, atteint ici une forme de paroxysme et devient une raison d’être pour la musique d’Ulcerate.
Rien que le morceau Confronting Entropy mériterait une dissertation, qui reprendrait les éléments précités car ils n’en sont que plus flagrants dans cet exemple. Alternance d’arpèges glacials qui n’ont rien à envier au black, de trémolos finement dosés, de bends et harmoniques compulsifs, générant une mélodie torturée qui possède un côté immédiat tout en touchant à l’intimité de ceux qui y seront perméables.
Et cette lourdeur pachydermique typique de la scène australo néo-zélandaise est encore plus présente, fruit du travail de production du batteur Jamie Saint Merat et du mastering d’Alan Douches.
Les morceaux restent calés sur une durée moyenne longue (six minutes, ce sont l’intro et l’interlude qui la font baisser) pour un style aussi brutal, tout en évitant les longueurs ; un mal tout à fait nécessaire pour réaliser son ambition.
Ulcerate confirme son orientation post et d’avant-garde, tout en accroissant la violence de son propos, manifeste de puissance renversant. Dans un style où le classicisme et l’immobilisme font souvent loi, Ulcerate fait fi des conventions et préfère s’inspirer ailleurs que dans les canons, se nourrissant d’éléments et d’ambiances qu’il digère avec aisance et retranscrit dans une musique négative et oppressante autant que grandiose.