Vince Staples
6.8
Vince Staples

Album de Vince Staples (2021)

Brutal et poignant, Vince Staples est de retour.


L'éponyme et 4 ème album de cet enfant de Compton est une réussite. Bien que les morceaux soient courts, ils sont tous remplis de plus de contenus que nombre d'albums qui sortent chaque vendredi et c'est quelque chose de vraiment remarquable. Aucune chanson ne dépasse les 3 minutes, mais chaque morceau semble complet, faisant de "Vince Staples" une courte mais forte expérience d'un bout à l'autre.


La production de Kenny, déjà ultra présent sur "FM!", est fantastique et élève vraiment l'album.
Sa présence est la seule similitude entre les 2 albums. FM! était une brise d'été au milieu de l'hiver, une musique de plage de la côte ouest, avec qlqs apparitions de guests. Ce n'était pas seulement le LP le plus enjoué du rappeur acclamé à ce jour, c'était de loin le plus facile à aborder.
Ici, Kenny met assez d'instruments pour ajouter de la profondeur et de la texture à l'excellente prestation caractéristique de Vince, mais le rappeur se tient toujours à l'avant de la production, permettant à un ton moins explosif de briller.
"Vince Staples" est une toute autre expérience que "FM!", dès la première écoute, une évidence.


Est-ce qu'on aimerai que ce soit plus long ? Bien sûr, on ne peux pas se satisfaire de 22 minutes seulement de Vince, mais pour être honnête, rien ne manque ici. Sur les 8 chansons et 2 interludes de l'album, tout est fort.


Après plusieurs écoute, c'est carrément logique que cet album porte son nom. Sans invité, sauf un crochet et quelques intermèdes parlés, Vince Staples est un monolithe. Plus on y passe de temps, plus ses peaux continuent de se flétrir et de se déformer en une vision impitoyable. C'est le plus sinistre qu'on ait jamais entendu sur le rappeur, un homme à part, isolé, déprimé et paranoïaque.
“I don’t trust no bitch with my government,” gronde-t-il amèrement sur le premier single LOW OF AVERAGES. Vince fusionne l'humour noir avec des commentaires haletants sur la criminalité de quartier, utilisant de manière transparente des extraits de la culture pop pour faire la transition entre les couplets.
Comme pour chaque partie de l'évolution de Staples, ce 4 ème album est un autre manifeste sur l'équilibre entre le succès et la survie. “Yeah, I could die tonight, so today / I’m finna go get paid,” crache Staples sur "SUNDOWN TOWN", contre les chœurs déformés et tordues qui ouvrent le morceau.
Les claviers brumeux éthérés de THE SHINNING jouent doucement avec les percussions rugueuses aux côtés du message mélancolique de “dying, living, with broken hearts”.
Le point culminant de cette vision est TAKE ME HOME, un confessionnal émouvant, plein de remords et révélateur.
Des moments se présentent comme si ils sortaient des haut-parleurs du salon lors d'une fête à la maison, et l'auditeur l'entend comme de l'intérieur d'une salle de bain verrouillée; d'autres moments sont des confidences sourdes et monotones de Staples dont l'auditeur devient le premier témoin.


Staples, on aura compris, adopte une approche différente de cette démonstration de confiance qu'on retrouve partout dans le Rap aujourd'hui.
L'album est un coup d'œil dans le carnet de croquis de Staples, une conversation calme et sincère à la fin d'une nuit mouvementée.
Voilà un album difficile à exploiter, pas très joyeux, mais voir la barrière entre le créateur et l'auditeur si infime qu'elle en devient parfois inexistante, est qlq chose à vivre.
Les cicatrices de Staples n'ont jamais été aussi visibles.
Brutal et poignant, Vince Staples est bien de retour.


7,5/10

BRKR-Sound
7
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le 14 juil. 2021

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