Reach out and touch faith !
Violator date d’une époque bénie, du début des années 1990 qui signait le passage de la crête de la new wave, d’une époque où le Top 50 de Canal + affrontait le Multitop de M6, d’une époque où Laurent Petitguillaume livrait une guerre de classements sans merci à Yvan Le Bolloch et Bruno Solo. C’est à cette époque seulement (honte éternelle sur moi) que j’ai réellement ouvert mes oreilles à Depeche Mode, quand j’ai découvert à la fois le clip et la chanson Personnal Jesus, restée selon moi l’une des toutes meilleures du groupe. Cette chanson est une bombe stratosphérique, un point culminant du rock, le verbe chanter conjugué au plus que parfait ! Mais comme les sous ne tombaient malheureusement pas directement du plafond dans la poche de mes parents à l’époque, je ne m’étais pas offert l’album et comme le téléchargement n’existait pas non plus, il a fallu que j’attende hier, soit 24 ans après pour me farcir la galette.
L’attente n’a fait que rendre le plaisir encore plus intense, tout ce que j’espérais de cet album y était. La voix de Dave Gahan est décidément une des plus belles et intenses de l’époque New Wave et encore aujourd’hui elle calme les ardeurs des mâles les plus affirmés. N’y voyez là rien de péjoratif, mais c’est album est pour moi à l’image de Personnal Jesus, d’une virilité à toute épreuve. Les rythmes appuyés, la voix grave, caverneuse et profonde, l’atmosphère qui sent la testostérone à des kilomètres, tout ça sniffe le mâle cousu main mesdames, les poils sous les bras, la barbe de trois jours et les ongles sales. Pas de la musique violente, au contraire, mais une musique qui fait mâle ! Je ne sais pas l’expliquer précisément, mais j’ai le souvenir de chansons qui poussaient les jeunes garçons que nous étions à frimer un peu plus, à rouler des mécaniques quand s’approchaient par hasard les brunes, blondes et rousses convoitées de loin, toujours de loin, à quelques exceptions près.
On sent aussi que cet album est à une charnière, à la fin d’une époque légère qui n’aura pas été que mauvaise puisqu’elle a porté d’immenses groupes anglo-saxons et qu’il n’y a finalement qu’en France que nous avons eu droit à des horreurs absolues dont nous pouvons, tous ensemble, avoir honte. Quelques sons subsistent encore, quelques rythmes aussi et c’est sans renier leur identité et surtout un son dont ils seront toujours les maitres, que les Depeche Mode assument la transition vers une décennie durant laquelle on les entendra moins, puisqu’elle verra le succès incontrôlable et inexplicable de l’Euro Dance, style musical qui réussit à sortir des discothèques et dans lequel il leur était impossible de se glisser.
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