Au fond de l'âme de Gordon Gano, il y a tous nos démons. Sa voix s'élève, geignarde comme celle de tous nos malheurs, toutes nos lâchetés et tous nos abandons, sur une musique déglinguée, vibrante, essentielle. Ses mots font rire parce qu'il faut forcément rire pour ne pas hurler de terreur. Au fond de l'âme noire de Gordon Gano, tout n'est que tourment, mélange primitif de hontes sexuelles et d'émois inavouables : la chair est d'autant plus faible que le plaisir est totalement inacceptable, et que la jouissance ne peut être atteinte que dans l'horreur. Deux issues possibles : devenir serial killer ou écrire et chanter ces chansons-là. [Critique écrite en 1984]
[A propos de la pochette] Imagerie du Sud profond : moiteur et moisissures, secrets honteux et dégénérescence, virginité un brin vicieuse... Un parfait exemple d'adéquation - et non de redondance - entre contenu et contenant, et la seule fois, sans doute, de ma vie, où j'ai acheté un disque sans rien en connaître, sur la simple foi de sa pochette !