Les perles du violon moderne russe

Kyung Wha Chung fut l’une des grandes égéries de Decca dans les années 1970 et 1980 pour ce qui est du violon concertant. Elle a enregistré tous les grands classiques du répertoire (Mendelssohn, Beethoven, Sibelius…) et a laissé des captations de référence, notamment pour le concerto de Bruch, accompagné d’un Rudolf Kempe au top de sa forme (un chef ayant une affinité toute particulière avec les cordes, ce qui était idéal pour ce splendide concerto, tout en textures cristallines qui dialoguent et se chevauchent avec agilité).

Mais elle a aussi enregistré du moins connu, comme les deux concertos de Bartok, d’une difficulté technique insensée, les deux de Prokofiev et celui de Stravinsky. Ces trois dernières œuvres, russes, bien moins connues que celui qu’a donné Tchaïkovski, surprennent par leur modernité très fraîche, ainsi que leur complexité harmonique au début fort déroutante (le crescendo du 3e mouvement du 1er concerto de Prokofiev, le scherzo du 1er mouv. du 2e...), mais finalement extrêmement plaisante à l’écoute.

La violoniste sud-coréenne déploie tous les attraits de sa virtuosité furieuse, toujours au bord de faillir il semblerait, et pourtant d’une rectitude, d’une discipline à toute épreuve. Cette compilation fut rééditée plusieurs fois par Decca et continue, à ma connaissance, d’être l’une des références du catalogue en la matière. La prise de son est superlative, l’accompagnement d’André Prévin impeccable. Du grand violon, de la grande musique, et ce par une grande dame de cet instrument !