Un nouvel album de Panic! At The Radio… euh, Disco ? Probablement une platée de soupe emo-pop pour les charts américains, me direz-vous. Il y a belle lurette que ce groupe déjà peu enthousiasmant à ses débuts n’en est plus un, et que Brendon Urie a retapé la carlingue en véhicule solo. Pourtant, l’écoute de Viva Las Vengeance surprend par son esthétique rétro, avec ce son cru qui sent fort la bande analogique. Sans surprise, il faut tenir le premier quart d’heure et passer outre quelques inepties d’emo rock agaçant (Middle Of A Break Up, Local God, Don’t Let The Light Go Out), mais cette patience porte quelques beaux fruits. Viva Las Vengeance, Sugar Soaker et Do It To Death sont de généreuses portions de glam rock à l’ancienne, riches en mélodies outrées et en guitares pailletées sur tranche. Star Spangled Banger souffre d’un refrain presque aussi crétin que son titre, mais ses couplets en hommage à Thin Lizzy sont étonnamment seyants.

Mieux encore, Something About Maggie, Sad Clown et God Killed Rock And Roll (peut-être la meilleure chanson de l’album) pompent Queen avec mille fois plus de fantaisie et de panache que tout ce que les Struts ont tenté jusqu’à présent. Dans le rôle de Brian May, Butch Walker passe quelques têtes pour trousser des solos chromés et des chœurs de stade qui fissurent le piano. Certes, il vaut mieux ne pas être allergique à Brendon Urie, dont les travers de Castafiore le poussent un peu trop régulièrement à surjouer ses fantasmes de Freddie Mercury comme dans une comédie musicale universitaire. Néanmoins, les influences assumées du projet et l’urgence palpable de son exécution en font un agréable songe de chambre d’ado aux posters à la gloire d’idoles seventies. Panic! At The Disco défend finalement plutôt bien sa place dans le paysage du rock de supermarché, Brendon Urie étant à Freddie Mercury ce que Billie Joe Armstrong est à Joe Strummer, peu ou prou. Pourquoi pas. Comme nous le supposions récemment en abordant The 1975, la transgression aurait peu de sens sans une norme à chahuter, et il n’est pas interdit de s’intéresser à la cible dans laquelle les fléchettes de la révolte viennent se loger. Les Ramones étaient fans de Kiss, rappelons-le. Leur chanson préférée du groupe ? I Was Made For Lovin’ You. Sérieusement.

OrpheusJay
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le 21 nov. 2022

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