Je suis loin d’être un fan de tout ce qu’a fait cette femme, cependant on ne peut lui enlever un réel talent de songwriting. Elle savait aussi s’entourer de très bons musiciens, ça c’est sûr ! Yumi Matsutoya (alias Yuming en nos vertes contrées, c’est plus court), véritable stakhanoviste de la pop japonaise (elle sortait jusqu’à deux albums par an dans les années 80 !) propose avec Voyager une épopée à la confluence d’une foule de genres musicaux. C’est une fois de plus son mari Masataka qui s’occupe des arrangements – rappelons que le monsieur collabora à Memories in the Beach House et Aegean Sea, deux autres grands classiques de la city pop japonaise.
Pop, jazz, funk, rock… mais est-on encore dans de la city pop quand les morceaux atteignent cet insolent degré d’élaboration, de complexité ? Quatre minutes de durée en moyenne, c’est suffisant pour nous faire savourer de ces synthés qui n’ont pas pris une ride car parfaitement calibrés, de cette harpe aux tonalités aquatiques, de cette guitare délicieusement incisive quand il le faut…
Le seul point négatif que je trouverais à cet album serait finalement sa chanteuse, dont je n’aime vraiment pas le timbre de voix ; mais c’est là purement subjectif. Cet album, comme tant d’autres de la même époque, nous emporte pour une paisible aventure estivale et marine, à la différence que, en tendant bien l’oreille, on saura ici y mirer quelque splendide récif corallien…