Avec Vs, Pearl Jam répond à ceux qui n’avaient pas pris la peine d’étudier leur, très crédible, curriculum vitae.
Non, ils ne sont pas une version stadium et rock à Papa du grunge même si Ten s’en donnait volontiers des airs. Il s’agit d’un des meilleurs du genre et donc, par extension, une des bandes les plus importantes des années 1990.
Rien que les surpuissants « Go » et « Animal » donnent le ton : terminé cette massive réverbération qui donnait un aspect smooth à Ten. Le son est désormais moderne, près de l’os et totalement ancré dans les années 1990.
La musique s’est également beaucoup diversifiée. Elle est désormais tribale, (« W.M.A. »), fédératrice (« Dissident », « Leash »), d’une agressivité insensée (« Blood » et les stupéfiants hurlements d’Eddie Vedder) ou alors d’une mélancolie pluvieuse (« Elderly Woman Behind the Counter in a Small Town » et le magnifique « Indifference »). La formation n’est encore qu’au début de sa carrière et c’est pourtant toutes ses facettes qu’elle dévoile ici.
Une richesse qu’on retrouve aussi dans l’interprétation. Que ce soit chez Mike McCready, Stone Gossard, (qui balancent du riff velu et psyché à tomber), Jeff Ament (le groove irrésistible dans l’intro de « Rats »), Dave Abbruzzese (dont la frappe ne resta, hélas, pas longtemps dans le groupe) et bien évidemment, l’immense Eddie Vedder. Sa voix étant d’une extraordinaire expressivité. Rien que son cri déchirant sur l’essentiel « Rearviewmirror » est là pour le démontrer.
Si cette recherche de reconnaissance auprès d’un public exigeant n’entraîna pas que de grands albums, on ne peut nier qu’elle fut à la base de la création de ce chef-d’œuvre. Parce qu’avec Vs, Pearl Jam font plus que confirmer : ils deviennent immenses.
Chronique consultable sur Forces Parallèles.