Je n(e m)'emb(ar)rasse pas
Awh, Indochine... Si je devais résumer mes premiers émois musicaux on my own, la première fois qu'un titillement s'est installé les pieds bien droits dans ses bottes et dans ma colonne vertébrale, ce serait assurément par ça : Indo Live. DVD 5 - PAL - Zone 2 - Couleurs, 4/3, 1h53 mn env. ©1997 INDO TOUR et cætera. Bien sûr, mes parents écoutaient les Rolling Stones et les Beatles, Bob Dylan et David Bowie, les Talking Heads et Joe Jackson, HFT et Bashung, Gainsbourg et Brassens, et même Franck Zappa à leurs heures perdues, tous ceux que j'ai appris à considérer comme des classiques selon le bon goût universellement reconnu — équilibre stable entre le populisme et l'élitisme. Mais mes classiques à moi, je me fous complètement qu'ils soient approuvés par tous, et j'ai même pas honte.
Toujours est-il qu'un jour, étant allée chez une copine avec qui j'échange encore aujourd'hui forces émotions musicales, j'ai reçu une claque sèche et eightiesque. Oui, je me suis pris Unita dans la face. Et, croyez-moi, quand on a à peu près huit ans et quelques, on ne s'embarrasse pas des codes et des faux pas, on aime avec tout son petit cœur de midinette, les poings levés et les cheveux en vrac. J'ai donc embarqué le cd, que j'ai tout de suite gravé. Je me rappelle les journées allongée dans mon lit, ma radio que j'avais déménagé jusqu'à ma table de chevet pour l'occase (elle y sera restée un bouquet d'années après), à repasser en boucle les trente premières secondes de L'Aventurier. Je ne comprenais pas vraiment ce qui m'arrivait, ni pourquoi cette fichue intro m'électrisait et me fascinait tant. D'ailleurs, à vrai dire, je ne comprends toujours pas. Ni pourquoi j'ai pu aimer ce groupe, ni pourquoi j'ai tressauté sur leurs musiques souvent aussi plates que la poitrine de la meuf sur la pochette d'Unita... Ni pourquoi la musique exerce ce pouvoir effroyable sur les individus. Je ne vais pas disséquer Wax et prétendre m'y connaître ; non, à vrai dire, je suis une quiche et je m'en tamponne le coquillard, comme dirait Pierre (qui, lui, avait le goût certain et l'expression assurée).
Donc : Wax. J'y ai mis 6 par courtoisie à l'égard du Past!me, parce qu'honnêtement, non seulement je ne sais pas noter la musique, mais en plus ça ne les vaut pas. Mon usage de la fonction Recommander n'étant pas à recommander, je la précise ici : ne vous précipitez pas sur ce disque si vous n'avez pas jadis joui d'une écoute de longue haleine, en dodelinant de la tête et trépatouillant des pieds. Ça ne vaut pas le coup, et vous allez me tenir pour perdue. Or, comme je give a shit about ce que les gens pensent de moi, je ne voudrais pas de ça. Mais je give aussi a shit about ce que je pense de moi, et je ne pourrais plus me remaquiller toutes les dix minutes en cours (#kassdédi) si je n'assumais pas Indochine. Oui, je l'avoue sans honte, j'ai dansé sur Satellite et hurlé Je n'embrasse pas à tous les garçons que je croisais, oui, j'ai voulu monter un groupe qui se serait appelé Les silences de Juliette, et oui, triple oui, les premiers mots que j'ai appris en anglais en cherchant dans le dictionnaire, ce fut Kissing, my et song — je trouvais pas Drugstar.
Et aujourd'hui encore, quand je déprime un bon coup en repensant à ma petite école Charles de Gaulle, son préau et tous les rêves qui l'incluaient, ses bacs de plantes qu'on avait installé et qui y sont toujours, et ce grand machin jaune sous lequel j'ai taclé un bon nombre de morveux, quand je veux me souvenir des après-midis où je m'ennuyais à mourir et où j'aimais ça, ces journées sans fin à jouer au Quidditch dans ma chambre, je me repasse mon vieux cd gravé et chante encore. Je n'en reviens pas de le connaître par cœur, d'avoir pu l'écouter tant de fois, alors que je peine aujourd'hui à ne pas courir dans tous les sens vers tous les horizons musicaux possibles. Les disques de mon enfance seront toujours là, façon Peter Pan.
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