Slipknot apparaît pour beaucoup comme un groupe pouvant facilement servir d'exutoire, les 9 étant de fiers fabricants de headbangers depuis leurs débuts, avec en prime un style visuel unique et spectaculaire qui fera dire aux mauvaises langues qu'ils ne sont que des marionnettes de la chanson, leur popularité exceptionnelle aidant.
Rencontrés par hasard au lycée, j'ai mis un peu de temps avant de pouvoir rentrer dans cet univers spécial et l'apprécier, disons qu'une fois assimilé, le Knot ne m'a plus quittée jusqu'à maintenant, d'autant plus après avoir eu la chance de les voir en live au Knotfest de juin dernier.
C'était donc avec une certaine impatience que j'attendais le dernier né, ayant jusque là beaucoup apprécié les premiers singles, leur trouvant, bien qu'il y ait la patte Slipknot, un certain goût plus original, plus personnel qui s'en dégageait.
Dire que c'est l'album de la maturité serait peut-être un peu trop facile et réducteur, même si cet aspect de maîtrise et de grandeur ressort beaucoup après l'écoute. Le tout semble avoir été fait au cordeau, la production est admirable, la voix de Corey est puissante et les passages en chant clair qui peuvent dérouter au début se révèlent les piliers des morceaux où ils se trouvent.
Tous les instruments ressortent parfaitement, une place particulière ayant été donnée à la batterie à mon goût (il semblerait aussi que Jay Weinberg se soit amélioré depuis .5), le son est limpide.
Peut-être aussi limpide que la logique qui semble ressortir de l'attribution du tour des morceaux. Contrairement à ce qui m'est souvent arrivé, je n'avais pas envie de zapper certains titres pour me consacrer à d'autres avant qu'ils n'arrivent naturellement, même les interludes dont je ne suis pas tellement friande d'habitude ont parfaitement leur place et sont agréables à écouter.
Sans que ce soit un opéra rock, une histoire semble être racontée. Celle de la souffrance (pouvant être assimilée par n'importe qui), des mensonges, de l'envie ou non de s'en sortir.
Des thèmes qui semblent récurrents chez Slipknot mais qui sont ici abordés d'une manière différente. Les paroles de Corey suintent le vrai, le vécu, la colère (il suffit d'entendre les "liar" prononcées avec une rage folle sur "A Liar's Funeral" pour le comprendre), sans pour autant qu'il y ait une avalanche de vulgarité ou d'emploi d'imagerie violente ou choquante pour l'exprimer.
Musicalement, pour ce qui est de l'énergie et de la brutalité, le groupe sait toujours l'exprimer avec des titres comme "Nero Forte" ou "Red Flag" qui se rapporteront davantage à leur style originel. Mais il sait aussi tenter de nouvelles choses, en attestent des titres comme "Spiders" ou l'excellent "My Pain", audacieuse et magnifique, qui, sans s'envoler dans la brutalité des guitares et des percussions prend aux tripes, avec une ambiance particulière, envoûtante et malsaine, qui parle forcément à celui qui l'écoute tant elle respire le vrai.
En quelque sorte, We Are Not Your Kind est un peu le point d'orgue de toute une carrière, en reprenant les meilleurs éléments de leur style et discographie, tout en sachant se réinventer.
L'attente a été longue, mais elle en valait largement la peine.
Merci.