Les premières écoutes de "We can do anything" m'ont filé un sacré coup de bourdon, il faut bien le reconnaître : mes Violent Femmes adorées - celles des deux premiers albums - étaient de retour, avec ce son si caractéristique (country punk, qu'on appelait ça à l'époque...), avec cette voix tellement reconnaissable de Gordon Gano. Sauf que derrière la forme, impeccable : rien ! Plus rien de ce maelström de mauvaises vibrations post adolescentes, de ces dérapages vicieux qui ouvraient des gouffres sous nos pieds. Juste un trio de quinqua pépères qui nous offrent dix chansons plutôt décontractées, au mieux malignes, au pire simplement rigolotes. Que l'âge est donc cruel, qui noie la rage et les tourments dans le miel de l'acceptation, ou peut être même le confort du conformisme. Non pas que Gano soit pire que les autres, non, il est juste devenu un mec parfaitement normal, excessivement sympa et plutôt doué : 30 ans après le choc inoubliable du premier album, le réveil est sévère. Maintenant, l'objectivité me force à reconnaître que les dix chansons de "We can do anything" sont bien troussées, avec des mélodies qui tiennent la route, des textes drôles (donc...) et assez d'énergie pour que la demi-heure de l'album passe plutôt agréablement. En fait, qui ne connaît pas les Femmes des années 80 trouvera sans doute cet album excellent : dynamique, original, entraînant. Mais nous, nous savons. Et nous sommes tristes. [Critique écrite en 2016]