If we can't change the world let's at least get the charts right

Retour en force d'Art Brut, sympathiques survivants du "retour du rock des années 2000", comprenez par là qu'ils figurent dans la flopée de groupes qui ont accédé à la célébrité en emboîtant le pas des Strokes et des Libertines.


Eddie Argos a pris un coup de vieux, mais il est toujours ce mélange entre l'acteur Alfred Molina et Francis Kuntz de Groland. Et il a toujours ce sens de la vanne-parole hérité de Jarvis Cocker et de Luke Haines, ("I hope you're very happy together and if it's not that's even better"). Son parlé-chanté entre Robert & Mark E Smith m'avait manqué, car c'est avant tout un groupe très attachant. Mais bon, il s'agirait pas de profiter d'une nostalgie relative (les années 2000 est-ce si loin ? ai-je le droit d'être nostalgique des années 2000 ?) pour faire passer une merdasse même en période de disette musicale.


7 ans après le moyen "Briliant ! Tragic !" produit par Franck Black, les projets de franchises moisis, et un side project autour de la résistance française (?!) Art Brut revient aux bases : s'amuser des gimmicks rock bas du front, étaler ses rêves de grandeur au Top of the Pop, cracher sa rancœur amoureuse, déconner autour d'une grave opération subie dans un hôpital allemand ("They tried to make me go to rehab And I said ... That's probably a very good idea !"), traiter les collections de disques comme des reliques sacrées et faire rire grâce à un auto dénigrement très britannique. Pas de remplissage ni de temps faibles ici. WBPLRO est certainement le meilleur album du groupe derrière "Bang Bang Rock and Roll".


Pas de tubes évident mais que des singles concis aux refrains taillés pour être chantés sur un vélo électrique. Argos est parfaitement conscient de son image d'artiste bobo et s'en amuse à plusieurs reprises ("Hipster with beards eating falafel wander these streets like herds of cattle" dans Good morning Berlin). Certes le groupe ne s'aventure pas dans des terrains inconnus et colle plus que jamais avec l'esprit légers des débuts.


Les éternels progressistes qui demandent à leurs groupes de sortir hors de leur zone de confort (quitte à faire un disque raté) en seront pour leurs frais. Creuser un sillon maîtrisé en gardant sa fraîcheur est peut-être préférable que d'imiter les collègues dans leur virage eighties quasi obligé dès le second album (sortir les synthés et composer comme Début de soirée).


Art Brut n'a pas vocation à effectuer sa révolution personnelle, changer le monde ou réconcilier Israël & Palestine, il veut juste changer les charts, et quand on y pense ce n'est pas un objectif plus simple à atteindre. Pour l'instant le groupe a au moins changé la vie d'Eddie Argos. Il est chanteur de rock, il vit à Berlin, et il est vivant.

Negreanu
8
Écrit par

Créée

le 7 déc. 2018

Critique lue 103 fois

3 j'aime

3 commentaires

Negreanu

Écrit par

Critique lue 103 fois

3
3

Du même critique

The White Lotus
Negreanu
7

The tanned

Saison 1 :Voilà une série qui n'a pas fait grand bruit à sa sortie et qui est pourtant riche d'une écriture assez unique. En cette période de disette, où toutes les séries sont standardisées,...

le 14 déc. 2022

37 j'aime

3

The Outsider
Negreanu
4

Et si The Outsider était la nouvelle arme des américains pour faire chier nos jeunes ?

Un meurtre d'enfant aussi sauvage que sordide, des preuves accablantes qui incriminent contre toute attente un citoyen respectable d'une paisible bourgade (elles le sont toutes là plupart du temps...

le 10 mars 2020

29 j'aime

6

X
Negreanu
3

Seniorrible

Regardons de plus près les similitudes entre les deux grandes sensations horrifiques de l'année :- Barbare de Zach Cregger. Pendant 30 minutes, c'est pas mal, les 40' suivantes baissent en gamme...

le 3 nov. 2022

27 j'aime

7