Les deux albums d’Acid Bath sont plutôt uniques en leur genre. Uniques oui mais….
De un, impossible de ne pas entendre ici une influence de ce qui donnera plus tard le nu metal. Spliknot a par exemple puisé directement dans la recette des louisianais (c’est pas moi qui le dis hein) (t’as compris la ref). Ils faisaient d’ailleurs leurs premières parties de concert, donc on comprend comment ils ont pu être influencés. Sauf que quand même, loin de moi l’envie de critiquer Spliknot, mais Acid Bath c’est quand même LARGEMENT meilleur.
De deux, ce genre unique, que l’on s’accommode aujourd’hui à ranger dans la mouvance sludge metal, est en réalité un poil plus complexe à définir à l’écoute. Si le sludge est un mariage entre la lenteur du doom et la nervosité enragée du hardcore, chez Acid Bath on entend d’autres genres qui viennent se greffer à ceux-là. Disons-le, ce n’est plus vraiment un mariage, mais carrément une partouze.
Les riffs sont clairement death, parfois même black dans leur manière de saturer le son, on entend également de l’indus dans ce gout omniprésent des larsens et des sons grinçants. Il y a aussi évidemment pas mal de southern rock là-dedans (Dax Riggs fera d’ailleurs le reste de sa carrière comme chanteur folk). Et enfin le tout est enveloppé dans une sorte de grunge poisseux mais se laissant parfois aller à des chants clairs.
Bref, on a là un sacré mélange d’à peu près tout ce que comptait le hardrock et le metal des années 90. Une telle cuisine aurait pu donner un truc indigeste. Il n’en est rien. Les mecs d’Acid Bath sont parvenus à créer un son qui ne ressemble qu’à eux et qui propose des réussites surprenantes. Par exemple : réussir à offrir au milieu de 14 pistes enragées deux morceaux mélodieux. Deux morceaux aux compos agréables, que l’on pourrait faire écouter à n’importe qui, et qui ont le culot de ne pas détonner. Ils se marient superbement au reste de l’album. Ils sont une preuve pour qui en douterait que ces mecs sont des bons musiciens.
Car bons musiciens, il faut l’être évidemment pour claquer de tels changements de tempos. S’il fallait mettre le doigt sur la vraie force de l’album, c’est bien celle-ci. When The Kite String Pops est un album qui pogote bien. Qui ne cesse de briser ces tempos, alternant les moments boueux, les accélérations grisantes et les explosions punks. Il déploie une vraie science du bon riff, sur le bon rythme au bon moment. Ce qui va me faire dire un truc étrange tant la chose est paradoxale – mais c’est ainsi que je la ressens : When the Kite String Pops a beau être un album à 90% malsain, violent et crado, il a également pour lui quelque chose de mainstream. Un petit côté groovy et attachant qui l’éloigne des sphères les plus noires du metal. Disons qu’il est agressif, oui, mais avec un côté déconne et bon enfant. Peut être suis-je le seul à entendre ça.
Au fond peu importe. Pour moi ce qui compte c’est qu’Acid Bath propose un peu le metal tel que je l’aime, tel que j’ai pu le chercher pendant des années. Sale et puant comme se doit de l’être le sludge, empruntant au doom ses meilleurs côtés, rythmé et entrainant comme le meilleur du punk et étonnamment doux quand il en a envie.
Je le redis donc, un album unique, capable de réunir au sein de sa tracklist des morceaux comme Dr. Seuss is Dead (poisseux et rampant) et Scream of the Butterfly (abordable et folk).