La révolution dans notre portefeuilles

Et c'est reparti.
On connait le rituel. L'annonce d'un nouvel album, avec le premier single qui sort 2 mois avant. Puis enfin l'album est livré, suivi d'un second single et d'une tournée. Voilà pour les grandes lignes.

Je n'en reviens pas moi-même : 33 ans de fidélité infaillible (presque). Malgré Steve Reich, Philip Glass, Tigran Hamasyan, toutes sortes de styles et une affection pour les musiques africaines, et pourtant, cet amour de jeunesse reste toujours intact.
J'attends encore cette nouvelle livraison avec une ferveur frénétique à me faire parmi..

La tradition voulait qu'à la sortie de chaque nouveau single, nous soyons surpris.
Et bien ce n'est plus le cas. Depeche Mode livre bien du Depeche Mode.

La seule surprise dans le fond est qu'avec "Where's the
revolution", les rythmes rappellent l'époque Violator avec ses
rythmes ternaires ("Clean"), ses gimmicks rythmiques
("Dangerous", face B de "Personal Jesus"), et son mélange
électronique et blues.

On retrouve ainsi leur touche spéciale. leur électronique soignée jusque dans les détails, leur style unique.
Malgré un refrain légèrement simple, il évoque ces chansons populaires que l'on peut chanter tous à l'unisson, un peu comme un hymne patriotique. Depuis que Martin Gore et Dave Gahan vivent aux Etats-Unis, ils ont eu le temps "d'apprécier" les dégâts de la vie politique, assez pour qu'ils se sentent concernés par ce monde en pente douce et produisent une chanson politique teintée d'ironie très British : "Hé les gars vous êtes passés où ? Elle est où votre révolution ? Réveillez-vous !"

36 ans après leurs débuts, la musique de Depeche Mode reste singulière, pertinente et sombre, et leur musique est suivie aujourd'hui par un public fidèle, des millions de personnes qui se sentent toujours en marge d'une société "mainstream"
Je m'en souviens encore. En 1984, à 12 ans, j'avais appelé une radio "libre" de l'époque (NRJ ? FUN radio ?), et je leur avais demandé s'ils pouvaient jouer "People are people" de DM. Ils m'avaient répondu qu'ils ne passaient pas ce type de musique sur leur radio. Cela m'avait profondement heurté. Je crois que depuis ce jour, j'ai gardé ce sentiment de ne pas être en phase avec mon époque. Et ce sentiment s'est depuis creusé...
NB : Je viens d'entendre les remix du single : grande émotion avec la version d'Algier !
Et le remix d'Ewan Pearson est le nouveau Personal Jesus (partie électronique en fin de chanson dans l'album Violator).avec sa ligne de basse dévastatrice.

Appendice 2018 (j'sais plus où le mettre, y'a plus de forum SC ?) :

T'AS PAS 1000 BALLES ?

Je ne sais pas, j'ai dû plonger dans un coma de type Hibernatus, seulement voilà : Depeche Mode passait par là, à Berlin, et j'étais curieux du prix des places (tu te dis, tiens et si on se laissait tenter tout ça tout ça..)
J'ai cru que sur le coup je ne comprenais plus l'allemand.
"Quoi ? Hein ? 196 euros ? Hein ? In English bitte !
- One hundred ninety-six"
-"Non, je voudrais une place basique"
-"C'est celle-là, vous être debout dans la fosse" (ils disent parterre là-bas)
- ".................................... ??"

Ben tu sais quoi ? J'ai les boules.

Les places sont entre 150 à 196 euros. Je ne sais pas si c'est parce que les gens sont assez cons pour débourser 150 euros pour un concert ou parce que je me sens exclu avec ces tarifs exorbitants. Car oui, 150 euros, ça fait mille balles !

Alors la vois-tu, la vérité sur l'enfilage ?
Bon, supposons que tu sois un pauvre, comme les autres :
En 1987, une place de DM coûtait 120 Francs, soit l'équivalent de 18 euros pour un smic de 637 euros (j'ai vérifié)
En 2018, un place de DM coûte 150 euros pour un smic 1188 euros nets.
Ainsi, le smic a doublé en 31 ans, or la place de DM a été multiplié par 8 !!

Donc, en 1987, cela représentait 3 % de ton salaire moyen, alors qu'en 2018, cela représente 13 % !! T'invites quelqu'un t'en as pour 300 euros, tu payes pour la famille deux enfants plus deux parents standard et tu en as pour 600 euros pour un concert !!!
Sans compter tous les disques, les remixes, les remasterisations qu'on a acheté pendant plus de 30 ans et on en est là comme des cons à payer un bras à des millionaires ????

C'est quoi le problème de cette société ?
Payer des nouveaux téléphones à 800 euros chaque année, avoir des consos communication de 100 euros par mois, de payer des radars intraitables et de payer des loyers supérieurs à la moitié de ton salaire ??? T'en as pas raz-le-bol ?
Moi si, j'ai les boules de ces conneries
Tu sais quoi ? Les gens qui sont allés voir DM ce soir, ils représentent une société qui paye 1000 balles pour entendre des chansons qu'ils connaissent déjà mille fois archi jouées, mais ils s'en foutent. Et DM, ils n'ont même pas honte de permettre des places aussi chères.... (je rappelle que leur single s'appelle "Where's the revolution ?", on se marre quand même...)

Moi, je connais un super concert organisé par un nouveau label Erased Tape. Ils nous présentent pleins de groupes intéressants (6) pour 30 euros (à la Funkhaus).
Tu vois la vie, je la vois comme ça.
De toute façon, ça avait fini par m'ennuyer la grand messe DM. Aller voir des découvertes, c'est autrement bandant, et ça a de la gueule.
"Ah ces sales pauvres, toujours à râler !" comme dirait l'autre..

Voilà, après DM chante "Where's the revolution ?", ce qui est vraiment ironique, tu ne trouves pas ?
Et oui. Cela doit être ça, une révolution à 200 euros la place.
C'est juste ça.
La révolution, oui, mais dans ton porte-monnaie.

...il fallait bien te faire payer tous les disques que tu n’achetais plus...