Who Are You, à l'image de sa pochette à la décharge, aurait pû y finir très vite s'il ne prenait pas une toute autre tournure, de Music Has Changed jusqu'au titre éponyme qui conclut une victoire à l'arraché. Car les quatre premiers titres de l'album n'en menaient pas large : production catastrophique, guitares stériles, batterie reléguée loin derrière comme pour s'excuser du travail gênant et bourratif de Keith Moon, synthétiseurs à plat, les Mods paraissaient si loin, dissipés sous un nuage de médiocrité alors qu'auparavant ce même nuage était garanti 100% gaz à effet de serre rayon frime et panache.
Mais voilà, les Who ont compris que la plaisanterie avait assez duré et que le naturel allait tôt ou tard revenir au galop. Et ce Music Has Changed, anomalie absolue dans la discographie des Who (Keith Moon, trop pété, était incapable d'enregistrer correctement), troque sa batterie à hydrogène pour se concentrer sur l'atmosphère d'un club de jazz au sous-sol.
Daltrey prend 20 piges dans les cordes vocales, les moulinets de Townshend resurgissent d'entre les morts et à l'album de retrouver son rock jeune et percutant sur Trick Of The Light, son approche grandiloquente de l'album concept pour grand écran sur Guitar and Pen, sa production ambitieuse d'un Love Is Coming Down quasi Soul et le panache de Who Are You, dopé aux choeurs et porté enfin et pour une dernière fois par les fûts de Keith Moon. Emporté trois semaines après la sortie de l'album par d'autres fûts, plus gros, trop lourds à supporter.