"Sodomatic Rituals of Desecration"
Archgoat est une des pires calamités musicales qui existent, un spectre qui a ressurgi après plus de dix ans de séparation pour sortir cet album ignoble, le premier en 17 ans (!) d'existence.
Nonobstant cet incident de parcours dommageable, la foi et l'authenticité du groupe sont restées on ne peut plus intactes: le black death des finlandais est bestial et régressif au possible, puisant son énergie et son inspiration de formations ancestrales, pourrait-on dire, à l'époque maudite des débuts du black primitif des Blasphemy, Beherit.
Les riffs sont crades, gras et fuient toute forme de mélodie recherchée ; les compos ne s'embarrassent guère d'artifices sophistiqués pour mettre en place des ambiances occultes et sombres, mais proposent tout simplement de l'ultra violence pure et dure, de la haine brute et débridée, un concentré d'horreurs blasphématoires et pernicieuses qui s'enfoncent dans le crâne comme un pieu à coups de maillet.
Le seul truc un peu moderne sur ce disque, c'est la production: on ne parle pas bien sûr de batterie triggée, de chant trafiqué ou de pédale à effets, mais chaque instrument est audible et bien équilibré par rapport aux autres ; le côté sale et cru participe évidemment à la qualité de l'album.
Christophe Moyen ne s'est pas loupé pour la couverture, illustration toujours aussi finement détaillée.
Là, c'est clair: soit on déteste, soit on adore. Mais il faut avouer que sortir un truc pareil en 2006, à l'heure où les pontes norvégiens pionniers du trve black se sont calmés et ont évolué vers des sphères musicales plus élaborées, il fallait le faire et que ça équivaut à un gros F**K! à la face des suiveurs et autres trendies lèche-botte. De l'authenticité et du trve, Archgoat en a à revendre.