Drôle de nostalgie qui s'installe à l'écoute de "Wildflower". Comme si l'on voyait ces seize années, entre la sortie du premier et de ce second album, s'écouler à nouveau. Parce que si la formule d'Avalanches n'a pas vraiment changé (c'est là, et leur plus grande qualité, mais aussi leur plus grand défaut), entre-temps, le monde a considérablement changé. Et en partie grâce à (ou à cause de, c'est selon) Internet. Une révolution, une ère qui a revu notre façon de consommer la musique et qui par Youtube, nous a habitué à toutes sortes de remixes, de mash-ups et de mélanges improbables.
Vous voyez où je veux en venir... Ce nouvel album n'a rien de révolutionnaire. Techniquement, il refait plus ou moins la même chose que "Since I Left You". Il aurait pu sortir l'année d'après mais on aurait peut-être trouvé ça redondant pour un second album. Non, ce temps d'attente était parfait car en écoutant "Wildflower", je me suis senti revivre ces seize ans d'évolution numérique, avec les buzz Youtube pour images de fond. Je me suis rappelé de ce remix de Blanche-Neige par Pogo, de ce "Grey Album" par Danger Mouse... même de ce rap obscur par J-Five qui reprenait la chanson des Temps Modernes de Chaplin (franchement, y a de ça sur "Frank Sinatra"). Des réminiscences surtout dû à la technique ; on les connait maintenant les codes de cet artisanat, on ne nous l'a fait plus !
Cela n'empêche en rien l'album d'être bon, voire du même niveau que le premier. Je vous avoue avoir eu un peu peur avec le single "Because I'm me" où je trouve que le sample vocal ne se marie pas parfaitement avec l'instrumental. De plus, sur les premières pistes, la bande use abondamment des même effets de filtre... Mais j'ai fini par me laissé emporter dès "Subways". Une fois encore, difficile de séparer une piste de son ensemble, le voyage Wildflower se fait d'une traite et la temporalité disparait. Danny Brown côtoie Paul McCartney, Toro Y Moi joue avec les Bee Gees... Certains moments sont d'une beauté, d'autres plus amusants ; de la contemplation au fun, il n y a qu'un pas, pas franchi de piste en piste. On tomberait presque parfois dans du romantisme psyché.
Certes, Wildflower" ne marquera pas autant son temps que "Since I Left You" l'a fait, puisqu'il n'est plus aussi novateur. Il n'inspirera pas des Chinese Man, des Go! Team autant que l'album de 2000 les a inspiré, album de 2000 qui a également inspiré celui de 2016. Mais cela n'empêchera pas ces artistes et ces fans nostalgiques de le jouer, encore et encore car la qualité est toujours de la partie. On se revoit dans seize piges, si d'ici là, notre civilisation ne s'est pas effondrée... au moins il nous restera cet album hors-du temps pour fêter.