Pink Floyd ... Le monolithe ...
Le groupe aux milles étendues sonores, aux milles pavés dans la mare, aux millions d'albums vendus, qui réconcilie critiques snobs et auditeurs néophytes.
Pink Floyd, moi, j'aime bien. C'est souvent beau, parfois dérangé, parfois avant-gardiste même, mais surtout, c'est vaste, dans tous les sens du terme.
C'est vaste à l'échelle d'un album, voir parfois d'une chanson, mais aussi et surtout à l'échelle d'une carrière.
Ecouter dos à dos The piper at the Gates of Dawn et The Division Bell révèle bien à quel point Pink Floyd a à la fois façonné les époques qu'il a traversé, autant qu'elles l'ont façonnés en retour.
Cet interdépendance, si présente dans la carrière du Floyd, qui a sans cesse chercher à repousser les limites techniques du son dans ses divers incarnations, tant que les modes de composition musicaux du rock, est au final ce qui le rend encore si fascinant.
Un peu comme Radiohead de nos jours, écouter Pink Floyd c'est pénétrer tranquillement l'époque dans laquelle il évolue.
Et en ce qui concerne Wish You Were Here, on ressent une isolation montante, des membres du Floyd par rapports aux autres, par rapport à leur public, mais aussi, par rapport à leurs origines soniques, toujours hantées par le spectre de Syd Barrett qui rentrera d'ailleurs en studio par surprise, pendant l'enregistrement de Shine On You Crazy Diamond, qui lui est dédiée.
Wish You Were Here est à mon sens le dernier grand Pink Floyd, le dernier qui face le lien entre leur première période, emplie de folie pure et la période latente, plus marquée par le son clean, la volonté de parler un langage plus simple, pas forcément plus accessible, mais moins agressif.
L'anecdote de la visite de Barrett à ses anciens compères semblent symboliser parfaitement cette synthèse : une dernière fois ici, le Floyd est à la fois magnifique et terrifiant (Welcome to the Machine), Groovy et cool (Have a Cigar), infiniment simple (le morceau-titre).
Plus tard, ces jetées se feront moins nombreuses et seront souvent noyés dans le son un peu trop plat de leurs époques respectives.
A écouter donc, à réécouter même. Parce qu'un album à la fois si facile et si riche, qui vous permet de communiquer avec tant d'autres auditeurs qui s'y sont frottés, sans qu'il soit complètement galvaudé, c'est cool. C'est même carrément cool.