Situé chronologiquement entre The Dark Side of the Moon et Animals, le captivant Wish You Were Here est au cœur de la grande période progressive de Pink Floyd, c’est-à-dire vers la fin de la grande période du rock progressif en général. C'est le petit favori de la moitié des membres du groupe.
Cet album expérimental démarre et finit tout en douceur, comme si la beauté qu'il dégageait cherchait à s'étirer à l'infini. Tout à la fois posé et puissant, le célèbre « Shine on You Crazy Diamond » est un hommage au dévasté Syd Barrett (dont la visite surprise en studio fera fondre en larmes ses anciens camarades). Divisé en deux longue parties qui prennent les trois autres morceaux en sandwich, cette suite d’une grâce incarnée contient certains des pas-sages les plus riches en émotions de l’univers prog.
Si les autres morceaux n’étaient pas eux aussi géniaux, Wish You Were Here ne serait pas un chef d’œuvre absolu. « Welcome to the Machine" évoque l’aliénation ouvrière dans une ambiance étrange et torturée. Il contraste avec le rock groovy de « Have a Cigar », plus passe-partout, qui s’en prend quant à lui à l’hypocrisie cupide de l’industrie musicale. Pink Floyd pousse la critique sociale plus loin qu’auparavant.
Enfin, l’éponyme « Wish You Were Here » est l’une des plus belles ballades rock de tous les temps. Elle traite de l’absence, qui est le thème central de l’album. « We're just two lost souls swimming in a fish bowl »… Paroles désemparées, interrogatives, faisant référence au caractère cyclique de l’expérience humaine. Sa progression linéaire lumineuse parvient cependant à redonner espoir dans ce marasme.