La Nomenklatur (NKT) est un groupe français actif depuis le milieu des années 80, à ne pas confondre avec Nomenklatür (groupe de techno, je crois). On retrouve en son sein un certain Tiburce, déjà connu, en tout cas autant qu'on peut l'être dans ce genre musical, pour sa participation au groupe Minamata. La Nomenklatur, tout comme Minamata et d'autres groupes français tels que Le Syndicat ou Entre Vifs, incarne la tendance bruitiste de la musique industrielle. Je ne saurais vous donner une définition exacte du genre, mais en partant des exemples que je viens de citer, je décrirais cette musique comme une radicalisation de la musique industrielle des ainés, vers plus de saturations, plus de cris, plus de boum-boum. En un mot : plus de bruit. Une musique pas facile d'accès donc et qui, je l'admets, nécessite vraiment un temps d'acclimatation pour pouvoir l'apprécier pleinement.


L'album dont il est question ici est sorti en 2011, après une mise en veille du groupe de près de quinze ans. Il marque une rupture assez remarquable avec la période antérieure puisque la musique de NKT semble ici davantage relever des nouveaux genres industriels apparus entre-temps, tels que le Néo-classique ou le Dark Ambient. Je ne suis absolument pas un spécialiste de ces courants musicaux, mais si vous souhaitez en savoir plus, je ne saurais trop vous encourager à consulter la liste que Dagrey leur consacre, avec explications à l'appui.


On se situe donc ici plutôt dans la tendance Dark Ambient. En particulier, on retrouve la même alternance de registres entre passages plutôt martiaux et accalmies, ainsi que divers collages de voix, assez typiques du genre. En revanche, la patte de NKT est toujours là et après un prologue qui monte crescendo, le premier morceau WarKraK délivre des sonorités très saturées, comme pour rappeler le passé bruitiste du groupe, et comme un ultime avertissement à l'auditeur avant de rentrer de plain pied dans l'oeuvre. Le son par la suite sera beaucoup plus abordable et clair, mais nous voilà quand même prévenus : lorsqu'il s'agira d'envoyer des watts, le groupe ne s'en privera pas, les sons saturés sont dans l'ADN du groupe, et les quelques passages martiaux qui émaillent le disque déploieront une puissance de feu sans commune mesure avec ce que j'ai pu entendre jusqu'à présent dans le genre.


Autre singularité du disque par rapport aux figures imposées du genre, les thématiques abordées. Comme le laisse entendre le prologue, l'album évoque la période contemporaine inaugurée par les attentats du 11 septembre, le choc des cultures, la montée des intégrismes religieux et les tensions exacerbées qui régissent désormais les relations internationales. A titre personnel, je me réjouis d'écouter un disque qui nous épargne les sempiternelles références à la seconde guerre mondiale, et surtout les sources d'inspiration médiévalisantes ou mythologisantes habituelles qui me laissent complètement de marbre.


Pour conclure, cet album est selon moi une vraie réussite du genre. Je le recommande en particulier aux amateurs, comme moi, de grosses envolées martiales qui tachent. Le groupe a, je trouve, gagné à faire évoluer sa musique vers plus de variations, qui au final enrichissent son univers, sans pour autant trahir sa nature foncièrement bruitiste.

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Pour aller plus loin :


LoreneKisch
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums de rock industriel et Musique industrielle - Un peu de plaisir et beaucoup de souffrances

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le 27 oct. 2024

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