Un album majeur de Bruce SPRINGSTEEN

Politiquement engagé, Wrecking Ball dénonce les dérives d’un capitalisme acharné aux EU en ce début de XXIème siècle. Pour cela le Boss compose ses chansons avec l’aide du producteur-musicien Ron ANIELLO, et bien que le E Street Band ne participe que partiellement à l’enregistrement de l’album, on compte de nombreux musiciens additionnels. Ce 17ème opus comprend onze chansons pour une durée de 52 minutes :


1. We Take Care of Our Own est un de mes titres préférés de SPRINGSTEEN. Le message est clair : il faut prendre soin des nôtres (a fortiori dans cette société du chacun pour soi). On sent de la fraîcheur et du dynamisme dans l’interprétation, et Ron ANIELLO y est sans doute pour quelque chose en ce qui concerne la musique, tandis que le songwriter américain chante avec enthousiasme.

2.Easy Money : chanson au rythme bien marqué (comme sur beaucoup de morceaux de l’album) qui va inspirer le Boss pour le reste du disque : il y dénonce l’escroquerie financière de Wall Street à travers le récit d’un petit truand qui veut sa part du gâteau…

3. Shackled and Drawn est une chanson protestataire de la part d’un prolétaire opprimé, victime d’une société injuste. Elle a la couleur d’une danse celtique, avec violon, foot-stomping et même banjo.

4. Jack of All Trades : changement de ton (mélancolique), de rythme et de format (6 minutes) mais pas de thème. L’homme à tout faire de SPRINGSTEEN, exerce divers petits boulots pour survivre, tandis que les banquiers et autres vautours de la finance ont plongé des milliers de familles dans la précarité.

5. Death to My Hometown : avec ce morceau, le songwriter renoue avec la tradition folklorique qu’il avait revisité dans l’album We Shall Overcome : The Seeger Sessions. Il défend à nouveau les classes laborieuses qui subissent la mort qui est apportée dans la ville par les financiers. Musicalement, on remarque la participation de l’excellent batteur Matt CHAMBERLAIN, ainsi que la présence d’un penny whistle (petite flûte irlandaise).

6. This Depression : le narrateur – en souffrance – se confie à la femme qu’il aime : Voici mon aveu, j’ai besoin de ton cœur. Mélodie délicate et atmosphère onirique due à la guitare lead de Tom MORELLO. Ce titre fait écho à la propre dépression du Boss.

7. Wrecking Ball a été composé en 2009 puis inauguré en concert dans la foulée. La boule de démolition symbolise la disparition du rêve américain par un néolibéralisme dévastateur notamment à travers la crise de 2008. Le morceau est très riche musicalement : outre plusieurs guitares, on entend des claviers, un orgue, des cordes, des cuivres (avec une trompette solo), le tout accompagné par des backing vocals très présents. Une belle réussite.

8. You’ve Got It contraste avec les autres titres de l’album : il s’agit d’une chanson d’amour folk/rock, qui plus est optimiste. Celle-ci nous gratifie de deux excellentes parties de guitares solos (interprétées par Greg LEISZ et Marc MULLER), dommage que le fade-out intervienne un peu tôt.

9. Rocky Ground nous plonge au cœur des traditions religieuses afro-américaines. Il s’agit d’une ballade d’esprit gospel avec de nombreuses références bibliques. La chanteuse Michelle MOORE assure le début, la fin ainsi que la partie rap. Ron ANIELLO contribue à l’originalité de ce morceau avec des samples (vocaux et musicaux) et sa production impeccable.

10. Land of Hope and Dreams est la plus ancienne chanson de l’album (écrite en 1998 et créée en concert l’année suivante, avant cette version studio de près de 7 minutes). Manifeste contre les injustices, le songwriter invite tout le monde à monter dans un train salvateur… Le titre est rythmé par le superbe motif de Steve VAN ZANDT à la mandoline. A noter que c’est la dernière fois qu’on entend le saxo de Clarence CLEMONS (décédé en 2011). Land of Hope and Dreams est un incontournable de la discographie de SPRINGSTEEN.

11. We Are Alive reprend les évènements historiques américains – souvent dramatiques – de la résistance aux injustices (une dernière fois en guise de conclusion). La mélodie de cette chanson country/rock est très inspirée par Ring Of Fire de Johnny CASH.


Même si je ne crois pas trop à l’influence des disques sur les consciences (on écoute avant tout de la musique pour se changer les idées, non ?), je souhaite que l’appel à la résistance, voire à la révolte que Bruce SPRINGSTEEN adresse aux sans-grades, aux exclus et aux ‘blue collars’ soit entendu. Porté par de superbes musiques, Wrecking Ball a été écrit dans ce but et cela en fait un grand album du Boss.

the_stone
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums des années 2010 et Les 15 albums qui ont marqué ma vie

Créée

le 13 févr. 2021

Critique lue 149 fois

2 j'aime

4 commentaires

the_stone

Écrit par

Critique lue 149 fois

2
4

D'autres avis sur Wrecking Ball

Wrecking Ball
EricDebarnot
7

Nécessaire

Les fans, les vrais, de Springsteen enragent à propos des enjolivures électroniques, voire hip hop (horreur !), de "Wrecking Ball". Les critiques hautains raillent le simplisme de la chronique...

le 6 déc. 2014

6 j'aime

Wrecking Ball
Ghi
8

Surprenant et original

Décidément, Bruce Springsteen est toujours aussi frais après presque 40 ans de carrière ! Le Boss nous desserre un mouliné d'ambiances et d'inspirations de nombreux genres musicaux : on vogue...

Par

le 18 mai 2012

6 j'aime

Wrecking Ball
luciedubasmoorhouse
8

Critique du dernier album de Bruce Springsteen

« Now get yourself a song to sing and sing it 'till you're done » (Trouve-toi une chanson à chanter, et chante-la jusqu'à ta tâche accomplie) Bruce Springsteen, Death to my hometown Je ne sais pas...

le 18 mars 2012

3 j'aime

Du même critique

Portrait de la jeune fille en feu
the_stone
4

Critique de Portrait de la jeune fille en feu par the_stone

J’avais beaucoup aimé Naissance des pieuvres de la même réalisatrice (avec Adèle HAENEL déjà), mais là, l’ennui l’a emporté sur la curiosité. Je comprends que certains trouvent ce film beau et...

le 22 sept. 2019

32 j'aime

14

Les Trois Mousquetaires - D'Artagnan
the_stone
7

Un classique modernisé

Il est assez rare de voir une production nationale d’une telle envergure, avec pour objectif de réinventer rien moins que l’idée d’un cinéma populaire français de qualité, capable de rivaliser avec...

le 2 mai 2023

22 j'aime

13

Le Roman de Jim
the_stone
8

Touchant et profondément humain

Les vrais parents sont ceux qui donnent de l’amour et qui élèvent l’enfant. Mais la loi ou les circonstances de la vie vont parfois à l’encontre de ce postulat. C’est ce que montre Le Roman de Jim...

le 7 sept. 2024

21 j'aime

4