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Les fans, les vrais, de Springsteen enragent à propos des enjolivures électroniques, voire hip hop (horreur !), de "Wrecking Ball". Les critiques hautains raillent le simplisme de la chronique...
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le 6 déc. 2014
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Politiquement engagé, Wrecking Ball dénonce les dérives d’un capitalisme acharné aux EU en ce début de XXIème siècle. Pour cela le Boss compose ses chansons avec l’aide du producteur-musicien Ron ANIELLO, et bien que le E Street Band ne participe que partiellement à l’enregistrement de l’album, on compte de nombreux musiciens additionnels. Ce 17ème opus comprend onze chansons pour une durée de 52 minutes :
1. We Take Care of Our Own est un de mes titres préférés de SPRINGSTEEN. Le message est clair : il faut prendre soin des nôtres (a fortiori dans cette société du chacun pour soi). On sent de la fraîcheur et du dynamisme dans l’interprétation, et Ron ANIELLO y est sans doute pour quelque chose en ce qui concerne la musique, tandis que le songwriter américain chante avec enthousiasme.
2.Easy Money : chanson au rythme bien marqué (comme sur beaucoup de morceaux de l’album) qui va inspirer le Boss pour le reste du disque : il y dénonce l’escroquerie financière de Wall Street à travers le récit d’un petit truand qui veut sa part du gâteau…
3. Shackled and Drawn est une chanson protestataire de la part d’un prolétaire opprimé, victime d’une société injuste. Elle a la couleur d’une danse celtique, avec violon, foot-stomping et même banjo.
4. Jack of All Trades : changement de ton (mélancolique), de rythme et de format (6 minutes) mais pas de thème. L’homme à tout faire de SPRINGSTEEN, exerce divers petits boulots pour survivre, tandis que les banquiers et autres vautours de la finance ont plongé des milliers de familles dans la précarité.
5. Death to My Hometown : avec ce morceau, le songwriter renoue avec la tradition folklorique qu’il avait revisité dans l’album We Shall Overcome : The Seeger Sessions. Il défend à nouveau les classes laborieuses qui subissent la mort qui est apportée dans la ville par les financiers. Musicalement, on remarque la participation de l’excellent batteur Matt CHAMBERLAIN, ainsi que la présence d’un penny whistle (petite flûte irlandaise).
6. This Depression : le narrateur – en souffrance – se confie à la femme qu’il aime : Voici mon aveu, j’ai besoin de ton cœur. Mélodie délicate et atmosphère onirique due à la guitare lead de Tom MORELLO. Ce titre fait écho à la propre dépression du Boss.
7. Wrecking Ball a été composé en 2009 puis inauguré en concert dans la foulée. La boule de démolition symbolise la disparition du rêve américain par un néolibéralisme dévastateur notamment à travers la crise de 2008. Le morceau est très riche musicalement : outre plusieurs guitares, on entend des claviers, un orgue, des cordes, des cuivres (avec une trompette solo), le tout accompagné par des backing vocals très présents. Une belle réussite.
8. You’ve Got It contraste avec les autres titres de l’album : il s’agit d’une chanson d’amour folk/rock, qui plus est optimiste. Celle-ci nous gratifie de deux excellentes parties de guitares solos (interprétées par Greg LEISZ et Marc MULLER), dommage que le fade-out intervienne un peu tôt.
9. Rocky Ground nous plonge au cœur des traditions religieuses afro-américaines. Il s’agit d’une ballade d’esprit gospel avec de nombreuses références bibliques. La chanteuse Michelle MOORE assure le début, la fin ainsi que la partie rap. Ron ANIELLO contribue à l’originalité de ce morceau avec des samples (vocaux et musicaux) et sa production impeccable.
10. Land of Hope and Dreams est la plus ancienne chanson de l’album (écrite en 1998 et créée en concert l’année suivante, avant cette version studio de près de 7 minutes). Manifeste contre les injustices, le songwriter invite tout le monde à monter dans un train salvateur… Le titre est rythmé par le superbe motif de Steve VAN ZANDT à la mandoline. A noter que c’est la dernière fois qu’on entend le saxo de Clarence CLEMONS (décédé en 2011). Land of Hope and Dreams est un incontournable de la discographie de SPRINGSTEEN.
11. We Are Alive reprend les évènements historiques américains – souvent dramatiques – de la résistance aux injustices (une dernière fois en guise de conclusion). La mélodie de cette chanson country/rock est très inspirée par Ring Of Fire de Johnny CASH.
Même si je ne crois pas trop à l’influence des disques sur les consciences (on écoute avant tout de la musique pour se changer les idées, non ?), je souhaite que l’appel à la résistance, voire à la révolte que Bruce SPRINGSTEEN adresse aux sans-grades, aux exclus et aux ‘blue collars’ soit entendu. Porté par de superbes musiques, Wrecking Ball a été écrit dans ce but et cela en fait un grand album du Boss.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs albums des années 2010 et Les 15 albums qui ont marqué ma vie
Créée
le 13 févr. 2021
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