Révélé en 2013 avec le très remarqué "Long Way Down", le jeune britannique aura pris son temps avant de sortir son deuxième album. Dans les bacs ce vendredi 10 juin, "Wrong Crowd" risque d'en surprendre plus d'un. Oublié cette musique sensible mais un peu générique du premier opus, elle laisse la place à un album harmonieux, délicatement tissé et à la trame passionante.
Avec sa gueule d'ange à la David Bowie, ses envolées tendres et lancinantes qui rappellent étrangement l'Adele des grande années et son timbre à la Jeff Buckley, le blondinet se place en chef de file de cette nouvelle génération britannique de singer-songwritter incroyablement talentueuse aux côtés de Birdy, Jake Bugg, James Bay ou encore Vance Joy.
Magnétique, sa voix l'est comme sur son single phare "Magnetised". Montant crescendo et mêlant beats rétro, piano et cordes, le tube risque de tourner en boucle sur les stations européennes cet été mais pourtant il dépareille avec le reste de l'album.
Tom Odell a ainsi confié vouloir créer un univers musicalement riche et sans compromis, relatant l'histoire fantasmagorique (peut-être pas tant que ça) d'un jeune homme en quête d'identité, qui rêve de s'émanciper mais qui cherche dans un même temps à retrouver l'innocence perdue de son enfance. Une démarche qui le pousse à traiter ses sujets de prédilection : la rupture et la naiveté douloureuse du monde, mais qui est assez vaste pour lui permettre de l'enrichir de variantes sensorielles et d'un sens caché.
Dans un style pop-folk nostalgique, Tom Odell réalise son introspection fictive avec "Sparrow", où l'oiseau symbolise sa peur de lâcher prise, sa hantise de l'abandon. "Stay, sparrow stay, won't you stay in my window/I've never been so close to anything so beautiful/Wait, sparrow wait, oh please don't you go/I love the way I felt as the, vast the wind it blows"
C'est maintenant un adolescent tourmenté qui hante la fable rock "Daddy" ("And you can hear your baby sister scream/Your innocence get up and leave/It's that same old feeling spinning 'round your veins/Your daddy's leaving town again"). Un adolescent qui laisse derrière lui ses dernières illusions, les plus implacables, les plus douloureuses, celles dont-il doit se débarrasser pour enfin avancer.
À la croisée des chemins, le jeune homme se retrouve face à lui-même "Here I am". Confronté à ses amours, ses remords et son désir de liberté, il ne sait quelle voie emprunter. La renaissance intervient finalement par le biais d'une somptueuse ballade romantique fortement inspiré de "It's a Wonderful Life". "Somehow" clôt ainsi l'album de fort belle manière avec cette note d'espoir "Somehow, somehow/I know that it will be alright/Somehow, somehow/I know that you will be beside, oh."
Cette progression tortueuse et malaisée qui aboutit finalement à l'insouciance retrouvé donne un caractère très personnel au deuxième opus de Tom Odell. À l'heure où certains artistes délivrent des albums comme les poules pondent des oeufs, cela fait plaisir d'écouter un projet élaboré et très bien pensé, d'une intelligence rare.