Le terme de death metal a de quoi faire rire. On pourrait même penser que l’inventeur du nom de ce sous-genre du métal extrême a volontairement donné le bâton pour se faire battre. D’ailleurs méprisé par nombre de mélomanes non avertis, comme peut l’être, versant cinéma, le cinéma d’horreur, le death metal n’en est pourtant pas moins, comme n’importe que courant musical, le terreau de disques dans lesquels on peut trouver le salut de son âme. Immolation et Dying Fetus sont des têtes de gondole qui, avec Atonement et Wrong one to fuck with, nous ont donné de bonnes raisons de le prouver.
Au-delà des patronymes grand-guignolesques inhérents au genre, Immolation et Dying Fetus sont les fiers représentants d’un mouvement qui associe, ce qui n’est pas simple, prétentions cathartiques (riffs de guitare foudroyants, blast beat et growling) et virtuosité (changements incessants de plans rythmiques). La qualité technique des musiciens est le prétexte à toutes les folies. Et cette folie est l’ingrédient nécessaire à des chansons qui se doivent de vous emporter dans un tourbillon de sensations qui, si elles n’ont rien de malsain (comme peuvent l’être celles générées par le monde du black metal), doivent conduire à un dépassement de soi-même, en tant qu’auditeur (se dire qu’on n’a jamais rien écouté d’aussi délirant) et en tant que citoyen (apologie du meurtre, de l’imagerie gore, sublimation de la mort).
En ce sens, le death metal tient de l’expérimental, en tant que genre musical bien sûr, mais aussi en tant qu’en expérience physique et mentale, à la fois directe et indirecte. Expérience directe parce que le death metal (Atonement et Wrong one to fuck with en particulier) est (et se doit d’être) une agression physique primaire dans son approche du son, sans concession aucune (distorsions ultra corrosives et martèlement de la batterie, que l’on peut trouver insupportables dès lors que l’on n’écoute pas la musique de ces groupes mais qu’on la subit). Expérience indirecte enfin, de par la complexité des compositions, bien au-delà des canons de la pop music : plus l’on écoute Atonement et Wrong one to fuck with, plus le ressenti de toute puissance s’en trouve décuplé, sans pour autant que la sensation d’altérité ne s’efface. C’est là toute la force du bon death metal : faire de nous des serial killers, à la force démesurée et au cerveau dérangé, le temps d’un disque ou d’un concert. Un exercice de style, ni plus ni moins.