Après la relative déception de "Everyone, Everything, Everywhere, Ends", il était temps de se demander si la bande à Kvarforth avait su redresser la tête ou si elle avait définitivement perdu le fil de son inspiration.
Et... le résultat est pour le moins partagé.
Dès les premières secondes du riff d'intro du premier morceau, je tique : j'ai déjà entendu ce rythme saccadé dans un autre morceau, plus précisément le morceau "Besvikelsens Dystra Monotoni" de l'album V. Si la batterie qui enchaîne donne un rythme un peu punk rarement entendu chez Shining, le morceau est quand un enchaînement des poncifs de la carrière de Shining. Tiens le pont en arpèges, un classique. Tiens la reprise du riff juste avec la basse ronflante... Tiens les cowbell pour relancer les guitares...
Les 7 minutes du premier morceau s'écoulent avec la désagréable impression d'écouter un collage des précédents albums.
Heureusement le second morceau casse cette sensation de redite avec une guitare plaintive assez hypnotique. On est presque sur un slow (jusqu'à ce que déboulent les hurlements cradingues et les blast beat, on est bien chez Shining).
Le troisième morceau, plus classique pour Shining, apporte une dose de groove venimeux des plus inspirés et je ne vois pas les 7 minutes passer.
À ce stade, je suis rassuré, et j'accueille avec plaisir le riff bourdonnant introduisant le 4e morceau. Las, si le morceau démarre bien, il s'éternise et finit par tourner en rond, un peu de concision n'aurait pas fait de mal ici.
J'approche déjà de la fin de l'écoute, le 5e morceau sera l'interlude classique, cette fois-ci au piano avec une relecture assez fidèle d'un titre de Chopin. Quand au 6e titre de 9 minutes (6 minutes de guitare sèche, puis 1.30 minutes de blast, puis le reste en mid-tempo) je peine à en retenir quelque chose, les riffs assez génériques ne s'étant pas réellement imprimés dans mon esprit.
Au final, si cet album relève la barre et se veut résolument plus nerveux que le mollasson précédent album, j'ai la nette sensation que Kvarforth n'avait pas assez d'inspiration pour compléter son album. Enthousiasmant vers son milieu, l'album s'étire sans éclat dans ses extrémités. Ce manque d'unité est plutôt inédit chez Shining. Je ressors donc avec une sensation ambigüe. Content que le groupe ait encore quelque chose à raconter mais inquiet des moments où il n'est plus que la parodie de lui-même.
Un hésitant 7 d'encouragement.