Ce qui surprend le plus quand on écoute le premier album de Lykke Li après ses deux suivants, c’est à quel point la voix de la chanteuse était enfantine à ses débuts. On peut bien sûr dire que c’est une de ses marques de fabrique même ultérieurement, mais elle est compensée dans Wounded Rhymes et I Never Learn par un chant puissant, comme si la voix naissait toujours d’un souffle profond, avec un résultat souvent bouleversant. Dans Youth Novels, les chansons ont beau avoir une tonalité généralement triste, l’impact est moins fort du fait de ce manque, avec des morceaux qui ressemblent souvent à des comptines, effet renforcé par une prononciation un peu hachée (« Let It Fall », « Little Bit », « Windows Blues »…). Cela n’empêche pas à deux très beaux titres d’atteindre la grâce vaporeuse qui fait à mes yeux la valeur de l’artiste : « Tonight » et « Time Flies ».
L’album bénéficie en outre, plus que ses successeurs, d’une certaine variété, avec des chansons pop assez énergiques (« I’m Good. I’m Gone », « Breaking It Up »), des mélodies plus tristes (« Hanging High », « Everybody But Me ») et des morceaux atmosphériques (« Melodies & Desires », « This Trumpet In My Head »), le tout valorisé par une production soignée. Ces instrumentations si élaborées sont néanmoins peut-être une limite, dans le sens où, même si elles jouent un rôle important dans la qualité de l’œuvre, elles soulignent le fait que Lykke Li n’a pas encore tout à fait trouvé ses marques et a besoin d’elles comme béquille.