Trésors cachés d'Issy
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Qu'on se place à l'échelle de Hüsker Dü ou à l'échelle du rock sur ces 60 dernières années, Zen Arcade est un pivot.
Dans la carrière du groupe, il est l'album qui valide les talents de compositeur de Mould et Hart, que les enregistrements hardcore précédents laissaient entrevoir sans forcément faire une grande place aux promesses de Diane, Statues ou autres In a Free Land, tous paumés au milieu du fatras sonique ultra rapide du groupe.
Avec Zen Arcade, le hardcore n'est plus pour le groupe un terrain de démonstration sportive, ce qui lui donne l'occasion de dévoiler un vrai génie créatif mêlant à merveille, dans une incroyable cohérence, la débauche électrique et ses râles sauvages avec les ballades acoustiques ou les instrumentaux au piano. Le tout sur le format ambitieux du double album, qui aurait pu être complétement casse gueule pour un groupe si jeune et un label si punk.
Si c'est finalement sur une major que le groupe abîmera son aura avec le format, avec le pas mauvais mais mal aimé Warehouse Songs and Stories, Il faut, à l'heure de Zen Arcade saluer cette l'ambition, qui a changé à jamais les ambitions du groupe et son status, ainsi qu'au passage, la face du rock.
La colère et l'énergie du groupe s'expriment comme jamais sur Wathever, I'll never forget you ou The Biggest Lie; sur ces chansons qui collent des baffes dans la gueule, c'est bien Bob Mould, gueulard et vénér à souhait qui tient les rennes. Zen Arcade est le terrain où il nous offre ses plus grosses démonstrations d'explosions soniques minimalistes.
A côté, Grant Hart, le batteur, pose son génie sans complexe. Ses compos posées et mélodiques s'adaptent parfaitement aux oreilles des mélomanes des 90's et ce n'est pas sans raison. Avec ses morceaux pop électriques percutants, Hart pose tranquillement les bases de 20 ans de rock indé. Il définit à partir de ce disque les recettes que suivront Les Pixies, Nirvana, les Foo Fighters et l'essentiel du punk dit "californien".
Turn On The News, par exemple, mandale pop accélérée représente parfaitement un style mélodique et électrique qui percera 10 ans plus tard. On ne peut pas ne pas citer non plus la simple et géniale ballade pop accoustique never talking to you again ou le glauquy et mélodieux Pink Turns to Blue parmi les meilleurs morceau de l'album, de la carrière de Hart, et du rock en général.
Lister tous ces morceaux ne saurait rendre compte de la grandeur de Zen Arcade. S'écoutant morceau après morceau, sur 70 minutes, l'album est un tout cohérent avec son introduction, ses étapes et sa conclusion bruitiste qui tient l'auditeur en haleine jusqu'au dernier larsen (et quelle Larsen !).
L'écriture d'un album cohérent n'était pas une évidence en ces années 80 où le single faisait la loi ; cette habitude s'est perdue à nouveau à l'heure d'Itunes et consorts. Mais si entre les deux périodes il vous est arrivé de considérer un album comme un matériau complet, fini, cadré, avec une unité musicale cohérente, plutôt que comme une compilation de singles, Zen Arcade doit certainement en être vu comme l'ainé.
Les grosses guitares et les râles de Mould, les compos imparables de Hart, le format ambitieux, la maturité des propos au sein d'une scène alternative encore très jeune, tout fait de Zen Arcade un album mythique qui a influencé toute une génération. Par cet album, qui sera suivi d'excellentes choses (New Day Rising, Flip your Wig... mais aussi et des carrières solos médiatiquement en retrait pour Hart et qualitativement très anecdotiques pour Mould), Hüsker Dü se place au niveau des pères fondateurs capable de rayonner des années après leur chef d'oeuvre, c'est à dire à côté du velvet underground & Nico, du Pet Sounds des Beach Boys. Ou du Daydream Nation de Sonic Youth, qui n'est pas le dernier à devoir quelque chose au groupe de Minneapolis.
Créée
le 28 sept. 2017
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