Né en 1987, en plein dans la Tchécoslovaquie communiste au gouvernement répressif, Root est un peu l’équivalent local d’un Bathory ou d’un Hellhammer, ayant hérité de ces deux groupes à l’instar de toutes ces formations de l’entre deux vagues black metal. Son leader emblématique, Big Boss, était surnommé par les autorités tchécoslovaques « l’agent de Satan de l’Ouest » et Root a eu énormément de mal à enregistrer et diffuser sa musique dans de bonnes conditions au début de sa carrière. Ce qui explique que ce premier album ne soit sorti qu’en 1990, peu de temps après la Révolution de Velours qui marque la chute du parti communiste tchécoslovaque, précédant la séparation du pays en deux entités distinctes.
Root pratique donc un black metal très frostien dans l’esprit et dans la forme, ouvertement satanique et occulte, avec ce côté théâtral et grand-guignolesque qui fait tout leur charme sur scène.
Le son est évidemment très raw, mais tout est parfaitement audible ; on n’imaginerait pas ce disque sonner autrement vu l’époque et le contexte.
L’album est par ailleurs truffé d’interludes en tous genres, de passages incantatoires et autres artifices du meilleur effet ; à l’instar de ses homologues contemporains, Root privilégiait avant tout les ambiances dans sa musique.
Big Boss est un vocaliste hors pair dans son style, braillant à tue-tête avec une tonne d’effets sur sa voix, en maître de cérémonie d’un rituel occulte adapté du langage hénokéen dans sa langue maternelle.
Personnellement, j’ai un faible pour ces petits bijoux de black metal occulte et authentique du début des années 90, nourri d’influences de Venom, Bathory et Celtic Frost mais ayant réussi brillamment à les assimiler avec un rendu plus mélodique mais tout aussi sombre.
Root a beau opter pour une formule plus conventionnelle dirons-nous que son contemporain Master’s Hammer, cet album n’en est pas moins personnel et sincère et mérite tous les égards à plus d’un titre.
Un véritable classique du black metal tchèque et le premier d’une longue série d’albums pas tous indispensables. Autant choisir celui-ci.
Il a fait déjà l’objet de plusieurs rééditions, dont une en CD et vinyle par Nuclear War Now! ; I Hate propose ici uniquement une version vinyle, la tracklist étant la même que celle d’origine, sans ajout contrairement à la version CD de 2009 du même label.