Manga de Keiko Ichiguchi, 1945 est une oeuvre prenant place dans une Allemagne nazie. S'inspirant de faits réels, en seulement trois chapitres l'auteure essaye de nous donner un aperçu global de la vie et des aspirations de chacun dans un pays corrompu. Pris entre amour, rêve, et réalité, les personnages seront confrontés au triste destin de leur patrie en plein effondrement.
La première chose assez surprenante, dans cette oeuvre, c'est qu'elle se passe en Allemagne. Pendant la guerre, qui plus est. Peut-être cela n'a que peu d'intérêt, mais l'auteure aurait très bien pu intégrer son histoire au Japon, alliée de l'Allemagne lors de la deuxième guerre mondiale, avec un pays dans globalement les mêmes conditions. Dans le genre "tombeau des lucioles", cela aurait aussi fonctionné (mais on voit directement que l'œuvre n'a pas été créé dans un but lucratif).
De ce fait, de nouveaux thèmes sont abordés, qu'on voit assez rarement dans les mangas. À part la guerre, la chose ayant le plus frappé lors de la WW2 a été les nazis, et le malheureux génocide des juifs. La mentalité allemande durant cette période étant totalement manipulée par Hitler et ses jeunesses hitlériennes, les sujets sur lesquels se penche Keiko Ichiguchi restent intéressant, surtout d'un point de vue japonais.
Il y a, dans ce manga, deux points de vue différents. Le premier chapitre nous place sous la vision d'une fille, Elen, qui voit l'idéologie nazie se répandre rapidement dans sa vie quotidienne. Devant faire un choix entre vivre sa vie comme elle l'entend et sa propre liberté, son avenir sera bouleversé par son destin croisé avec un jeune homme, patriotique.
Durant le deuxième chapitre, nous allons suivre les aventures de ce même jeune homme, en plein champ de bataille. Entre cadavres et réalité, sa vision des choses évolue petit à petit lorsqu'une once d'humanité naît dans un monde de violence. Doté d'un réalisme plutôt convaincant et d'une retranscription valable des absurdités de la guerre, ce deuxième chapitre permet de nous placer d'un deuxième point de vue vis-à-vis des événements de la guerre.
Le troisième et dernier chapitre conclut l'histoire. Emmêlé entre un désir de liberté et un amour difficile, le système dictatorial viendra finalement trancher sur le sort de ses habitants.
Dès le début, les personnages expriment déjà leurs idéologies quant au régime mis en place. On encadre leur personnalité facilement et rapidement, et on devine dans quel camps vont-ils se trouver. Pas besoin de réfléchir longtemps pour deviner les principaux dénouements, l'histoire est claire comme de l'eau de roche. La confrontation de l'idéologie nazie et non nazie, au sein même de son entourage, donne lieu à des situations complexes, mais toujours compréhensibles. Sans vraiment aller à l'excès, les différents points de vue arrivent à facilement exprimer l'évolution des personnages, au fil des années.
Les graphismes franchement je n'ai pas été grand fan. Dans un style manga plutôt ancien, une touche féerique (dans le genre Chocolat et Vanilla, Kiss of the rose Princess - vous voyez le genre) vient selon moi gâcher l'ambiance lugubre de la guerre. Essayer de représenter l'espoir par ce moyen n'est pas très réussi, comme ils contrastent trop avec les paysages environnants.
Voilà, donc 1945 est un manga sur la deuxième guerre mondiale assez bien réussi. Que ce soit la retranscription des événements, l'idéologie, ou le lavage de cerveau, l'histoire est présentée avec un réalisme plutôt touchant. Les différents points de vues permettent une variété de sujets plus large, et construisent un monde avec plus d'efficacité. Malgré une histoire qui manque de punch, 1945 trouve sa place parmi les œuvres du même genre.