Londres 1969 : Love Generation, Swinging London, Comic Books, New Wave, Acid Rock, Kitchen Sink Realism, Spy-Fi, Thriller, Nonsense, Marvels, Sympathy for the devil, Sexual earnings, Tomorrow never knows...

A travers la révolution hippie, l'occultisme et la transgression, la libération sexuelle et l'apogée des drogues psychédéliques, Moore et O'neil proposent leur propre interprétation de cette époque de transition : comment s'effondre les rêves d'enfance...

Voici sans doute le chapitre de "La Ligue des gentlemen extraordinaire" le plus passionné, le plus subversif et le plus intime. Les trois rescapés de l'équipe secrète, Mina, Allan et Orlando, se réunissent une nouvelle fois afin de compromettre les plans du sorcier Haddo. Le ritualiste attente de cultiver son influence sur une jeune génération hippie pleine d'espoirs, en transformant un concert hommagial donné à Hyde Park en véritable cérémonie démoniaque.

Jamais dans l'univers de la ligue, la trame narrative ne s'était autant concentrée sur un évènement aussi précis et réel en le transposant dans l'univers de l'imaginaire populaire. C'est également la première fois qu'Alan Moore et Kevin O'neil place l'intrigue de leur univers extraordinaire dans une époque qui leur fut contemporaine.
Ce concert eu effectivement lieu à Hyde Park en 1969, les Rolling Stones rendant hommage à leur regretter co-fondateur Brian Jones, retrouvé mort au fond de sa piscine du Sussex dans des conditions mystérieuses...

C'est justement par cet assassinat présumé que débute Century 1969 : Paint it Black. Un tueur, Get Carter est alors engager par la mafia londonienne pour enquêter sur la mort du célèbre batteur du groupe "Purple Orchestra" (transposition des Rolling Stones), mort dans laquelle un certain Turner ne semble pas tout à fait innocent.
Par cette transposition d’évènements réels, Moore prouve toute la cohérence de sa démarche en construisant un véritable mythe à partir d'une légende urbaine : les rumeurs sur le rôle des membres du groupe quant à la mort de Jones allant bon train à cette époque.

Cette intrigue constitue la double préquelle de deux films de 1970 : "Performance" dans lequel Mick Jagger incarne le rôle de Turner, rock star déchue ressassant maladivement la perte de son "démon", et "Get Carter" dans lequel Michael Caine incarne, quant à lui, un tueur retournant dans sa ville natale au nord de l'Angleterre pour s'expliquer et venger la mort de son frère.
Comme dans 1910, la ligue semble perdue, dépassée par les évènements, incapable de sauver cette génération vouant alors un culte immodéré à la liberté, à l'épanouissement et à l'amour. De nouveau, les vieux malfrats de l'ancienne génération sortent vainqueurs et l'avènement d'une forme d'obscurantisme culturelle est irrémédiable.

Belle continuité avec les thématiques abordées dans le chapitre 1, on espère que la résolution de l'épisode à venir sera à la hauteur de cet imbroglio.
Les dessins de Kevin O'neil (au risque de se répéter) ont encore de belles et étonnantes surprises à nous proposer, Alan Moore joue admirablement des codes qu'il a lui-même inventer. Les jeux référentiels garantissent une cohérence amusante à l'ensemble (Flash de Dc et Jumping Jack flash des rolling stones ne sont qu'un ; le visuel occulte des album rock des beatles ou de jimmy hendrix...), mais ce qui frappe le plus c'est la surprenante continuité avec l'épisode précédent malgré ce gigantesque bon de 59 ans.
Les héros sont maintenant vantards et déballent complaisamment leurs exploits extraordinaires à des furies hystériques... seul Mina semble capable et représente une survivance héroïque.
Cependant le coup de théâtre final concernant l'éternelle jeune femme renouvelle considérablement le personnage tout en le rattachant à sa mythologie originelle.

Un grand plaisir de lecture donc, un drame cinglant, ironique et complet qui ouvre les voies (esperons-le) vers une superbe conclusion.
Vividly
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le 14 oct. 2011

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Vividly

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