Les truands extraordinaires
Inglourious Basterds est un véritable film de guerre, genre particulier dont il nous rappelle, à l'heure des grandes (re)productions speilbergiennes uniformes, la grande richesse, qu'il s'agisse des personnages, de l'esthétique, des points de vue adoptée ou même des réceptions que nous en avons, nous, spectateurs.
Se retrouve dans cette démarche son sens baroque et son plaisir à systématiquement repousser les limites des genres à partir d'éléments narratifs communs. Kill Bill ressemblait déjà à une synthèse jouissive des dénominateurs communs du Western Spaghetti et du film de sabres Japonais.
Dans Inglourious Basterds, le même esprit de synthèse est à l'œuvre, toujours assimilé au plaisir d'un cinéma référentiel pour explorer la richesse d'un genre qui finalement s'est marié positivement avec de nombreuses cathégories narratives : la comédie, le western, la propagande, le drame etc.
Inglourious Basterds exploite jusqu'à leur frontière chaque catégorie, les fait communiquer en confrontant leur différents personnages. En ce sens, il s'apparente largement a un pastiche.
L'actrice/espionne d'un To be or not to be, le nazi haut gradé, charismatique et maniéré d'un Cross of Iron, les gangsters/soldats, batards hybrides d'un Verboten ! ou d'un Dirty Dozen, l'espion "so british" offrant un aperçu du savoir-vivre que sait garder un gentleman aux services de sa majesté, tous ses personnages se retrouvent réunis et réécris pour une intrigue aux dialogues internationaux a la D-Day.
Et d'un seul coup, tout le cinéma de QT réapparait et propulse ces codes établis a leurs acmés : la frontière des langues devient un véritable outil de suspens tout en explorant avec brio les subtilités de chacune d'entre elles, l'image est obséder par le western spaghetti, la comédie recouvre le tout d'une ironie grinçante et permet la mise en place d'un véritable discours amoureux du cinéma et conscients de ses dangers.
Car comme hitler, nous spectateurs nous dégustons dans notre fauteuil de cinéma chaque "massacre" que la toile nous laisse bien regarder. Voila pour les dangers, la véritable vision c'est celle d'un cinéma puissant, art privilégié de cette bonne vieille catharsis qui nous est cher, et qui a le pouvoir de tout changé, même l'histoire.