Inglourious Basterds par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine occupation allemande la famille Dreyfus vaque à ses activités dans leur maison retirée du village lorsque des soldats allemands débarquent. A leur tête le colonel Hans Landa.Cet homme est un "spécialiste" de la détection des juifs qu'il extermine tant et plus. Il est certain que ce haut gradé n'est pas arrivé là par hasard puisque des juifs étaient bien cachés sous la maison. Il n'y aura qu'une survivante, Shosanna, la fille de cette famille. C'est à Paris qu'elle va se réfugier sous une autre identité, propriétaire d'une salle de cinéma dont elle a hérité.
Parallèlement un groupe de justiciers, les "Bâtards", est dirigé de main de fer par le lieutenant Aldo. Celui-ci recrute des combattants juifs afin de venger les crimes nazis en se lançant dans une chasse sans merci. Bénéficiant de l'appui d'une actrice allemande, ils vont tout faire pour tenter de tuer les dirigeants du Troisième Reich. C'est justement dans le cinéma de Shosanna que l'intervention doit se dérouler. Celle-ci a de son côté organisé sa vengeance en souvenir de sa famille.


Il est certain qu'un énorme contentieux oppose les juifs à leurs exterminateurs nazis dont le colonel Hans Landa qui ne ménage pas ses efforts et sa ruse afin de les massacrer. Bien entendu ces nazis en tant qu'occupants paraissent sûrs de leur position dominante et il n'est pas question pour eux de faire la moindre concession envers ceux qui les combattent ou ceux qui se cachent pour échapper au destin tragique qui les menace. Il est bien certain que les nazis avaient entendu parler de ces "Bâtards" éliminant assez atrocement certains de leurs soldats mais ils ne songent pas au plus tragique pour eux: l'assassinat de toutes la tête de ce Troisième Reich qui se profile dans l'ombre. Outre les "Bâtards" et leur "indicatrice" ils se retrouvent sans le savoir devant une adversaire coriace et ivre de vengeance en la personne de Shosanna qui a vu sa famille se faire exécuter et qui a réussi à fuir et à se "dissimuler" à Paris. Les plans de cette énorme opération sont totalement éloignés et le tout est de savoir si les deux actions aussi différentes ne vont pas brouiller les cartes et tout faire échouer. Néanmoins, le hasard fait aussi partie de la guerre et la vengeance est un plat qui se mange froid...


Même avec un tel sujet sensible et grave Quentin Tarantino arrive, par un miracle qui ne tient qu'à lui, à parsemer l'intrigue de scènes très réalistes et violentes qui ne sont pas gratuites mais indispensables pour l'efficacité du film. Bien sûr le réalisateur n'est pas un tendre dans sa façon d'aborder les moments les plus "durs" de ses œuvres mais il se dégage tellement d'efficacité que l'exagération devient utile pour nous procurer un réel plaisir et nous faire vibrer. De plus il nous concocte ici une histoire intelligente, poignante et pleine de rebondissements. Les personnages sont bien dépeints, bien analysés pour nous embarquer dans un tourbillon frénétique de férocité rendu crédible par le contexte de cette terrible période.
De plus Quentin Tarantino s'est entouré d'interprètes absolument divins pour nous transporter à travers cette folle et ingénieuse aventure. J'ai été subjugué par Christoph Waltz dans le rôle de l'effrayant commandant Hans Landa. Il nous souffle le chaud et le froid tout au long du film avec ses bonnes manières, son ton caressant et sa brutalité subite qui l'entraîne dans des crimes atroces afin de satisfaire sa jouissance de tuer les juifs pour défendre ardemment les conceptions de son Führer. Il domine cette œuvre en l'éclaboussant de sang, de larmes et de son talent.
Face à Christoph Waltz se dresse le lieutenant Aldo incarné par Brad Pitt qui signe là une performance tout à fait honnête au même titre que Mélanie Laurent très combative et émouvante dans le rôle de Shosanna Dreyfus. J'ai également remarqué la brillante interprétation de Diane Kruger l'énigmatique actrice allemande. Je n'oublie pas la remarquable musique de l'incontournable ***Ennio Morricone***, cerise sur le gâteau.


Beaucoup diront que ce n'est peut-être pas le plus grand film de Quentin Tarantino. Peut-être. Toutefois ce réalisateur au talent inouï ne déçoit jamais. Il fait partie de ces grands artistes qui jalonnent le Septième Art et qui malgré tout sont incapable de décevoir tant leur dextérité et leur imagination est grande.

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le 4 oct. 2015

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