Après un premier tome représentant l'ensemble de la série de 1962, Panini édite un second tome intégral des aventures de Hulk. Petit bond dans le temps et on arrive en 1987-1988 avec les onze premiers numéros de Peter David au scénario. Accompagné par le jeune et brillant Todd McFarlane (à l'époque Todd était jeune). Ce tome contient donc les numéros #331 à #341 inclus.
L'idée est simple, faire démarrer le lecteur avec le run le plus mythique de l'histoire de Hulk. Un run qui va durer 12 ans et plus de 140 numéros ! Dans la théorie, l'idée est bonne, dans les faits, c'est à revoir.
Et parce que noter un tome, ce n'est pas que noter le contenu même mais aussi le format et les apports de l'éditeur, je vais tout de suite critiquer Panini bien violemment !
En effet, le numéro #331 a beau être le premier de Peter David, c'est un numéro qui se place au beau milieu d'un arc ! Et là dessus, malgré l'introduction de David qui explique dans quel état il prend Hulk, rien n'explique cette situation. Ami lecteur, si tu es néophyte, débrouilles toi pour comprendre qui est Rick Jones, pourquoi il est Hulk, qui sont les Hulkbusters et pourquoi on court après Jones (et qui est Leonard Samson aussi).
Bon, je suis d'accord que normalement, un lecteur doit connaître la base, mais là, en plein milieu d'histoire. Certes, un non-néophyte n'aura aucun mal à comprendre la situation, mais cela n'empêche pas que rien ne lui annonce ni ne lui explique qu'au début de l'histoire c'est Rick Jones qui est devenu Hulk et pourquoi.
Donc là-dessus le contenant est très mauvais, l'éditeur ne donne aucun indice sur l'histoire. On aurait préféré ne pas avoir que du Peter David. L'unicité du tome en aurait souffert, mais la qualité aurait été renforcée.
On regrettera également la présence, à la fin, dans les couvertures originales, de celle du numéro #181. Numéro bien connue car première apparition de Wolverine. Or, on voit la couverture au dos du tome, on est donc en droit d'attendre ce numéro dans le recueil. Surtout que le #340 est justement une revanche entre les deux adversaires.
Ca aurait été un bonus sympa et légitime au vu de la couverture. Et bien non, on oublie. Rien de tout ça. Panini nous fait saliver pour ne rien nous offrir finalement.
Peter David commence donc Hulk sans trop savoir où il va et sans trop savoir d'où il part et ça se sent. Au bout de quelques numéros où David finit l'arc en cours, il amène cependant, très vite, ses propres idées et sa volonté de revenir dans un état antérieur.
Peter David revient en arrière et refait de Hulk un fugitif, incompris de sa femme. De plus, il détruit les hulkbuster et la base gamma. Hulk ne doit pas être un héro et les gens ne doivent pas se souder autour de Banner. Au contraire, il doit être traqué et, à cette fin, le Shield devient l'ennemi.
Cette bi-polarité entre Banner fugitif et Hulk ennemi de Banner commence à être travaillée même si cela se révélera quelques temps plus tard. On notera également la présence renouvelée des rayons gammas, de leur rapport à la lumière solaire ainsi que de nouveaux ennemis.
Gros regret quand même : Peter David attaque quelques sujets de société de bien mauvaise manière. Ainsi, un mari violent devient une figure du mal incarnée détestée par toute une ville et finalement abattue par sa femme involontairement dans un dernier axés de rage du criminel. C'est dommage car tout ce numéro est traité de manière caricatural. Il n'y a nulle recherche de montrer la solitude réelle de l'héroïne et on n'arrive pas à se sentir affectée à la fin. Peter David ne s'intéresse pas à la profondeur et préfère faire dans la caricature. Plutôt de montrer une personne normale devenir violente chez elle c'est quelqu'un de naturellement violent qui l'est.
Le sujet est osé, le traitement limité.
De la même manière, un jeune garçon, fan de film d'horreur, finit par donner naissance à un être maléfique nait de sa psyché déformée. Vous l'aurez compris : les films d'horreur c'est mal et le look métalleux est la preuve qu'on est un adorateur de Satan. C'est, là aussi, désolant de cliché et d'une difficulté que sembler avoir David à comprendre les années 80.
Ce tome est également l'occasion de voir Todd McFarlane prendre, petit à petit, le contrôle graphique de la série, passant d'un style plutôt banal à sa patte si habituelle. La transition est un peu difficile car McFarlane a une phase d'hésitation, mais son trait brutal et crue fini par séduire totalement. Son Hulk gris est une réussite.
Globalement le trait de McFarlane arrive largement à convaincre et en se remettant dans le contexte, il apporte un dynamisme rédempteur qui colle parfaitement au nouveau souffle de la série.
Une des grandes volontés de ce tome est d'arriver à développer la personnalité du Hulk Gris et, petit à petit, Peter David y parvient même si cela reste assez difficile. Les numéros #339 et #341 sont largement nécessaire dans le développement ultérieur de Hulk et offre de relativement bon numéro.
Le #339 amène effectivement la thèse du père violent et d'un Bruce Banner qui enfouit tout. Là encore, les petites touches du développement ultérieur est très intéressant.
Malgré cela, le récit principal : les bombes Gamma, a bien du mal à convaincre. On n'y croit pas trop, pas plus que le gentil Hulk qui accepte d'être conduit par Rick Jones et Clay.
Ce tome contient également deux confrontations avec des guest. On a les X-Factor qui viennent se battre contre Hulk et remettent clairement le personnage au second plan. Ils reste charismatiques et intéressants. Quant au #340, il rejoue le combat Hulk/Wolverine mais c'est surtout une excuse pour montrer l'évolution de Logan. Là encore, Hulk est mis en arrière plan.
Ce tome est donc encore un peu hésitant et possède quelques idées qui sont largement sous-exploitées. On sent le désir de Peter David de réaliser un road trip pour Hulk et de développer la personnalité du Hulk Gris ainsi que le back-ground plus intimiste de l'univers.
Le désir de pousser la psychologie et également l'importance des rayons Gamma se fait bien sentir et met Hulk sur des rails qui seront salutaires pour la série. Il n'empêche que ce premier tome possède pas mal de limites qui font que Peter David est loin d'offrir son meilleur cru.