J'avais 5 wagons de retard dans cette série mythique, mais, heureusement, Noël est passé par là et me voilà lancée sur les talons de l'hyperactif Largo, à qui il est arrivé bien des misères pendant que j'avais le dos tourné. A commencé par un coup de foudre, qui le défrise bien plus que toutes les OPA hostiles des tomes précédents. Il traîne son vague à l'âme en l'absence de sa chérie et ça nous change un peu de ses pauses de playboy parfois romantique, ou du cynisme prédateur de son bon copain, battu à son propre jeu par une jeune louve aux dents longues. Il est donc beaucoup question de sentiments et de séduction dans cet opus, qui n'oublie malgré tout pas d'être palpitant. Les femmes y sont soit des bombasses incendiaires soit des carnassières cuirassées, mais James a sa Moneypenny, ou assimilée, qui n'oublie pas de représenter la minorité des vieilles peaux. Je ne dis pas que ça n'est pas caricatural à souhait, mais, comme dans les films de Bébel jadis, on n'y perd pas trop à mettre ses principes dans sa poche, parce que le plaisir est au rendez-vous de ces histoires à la fois rebattues et souvent très à la pointe de l'actualité. Il faut un master international de business pour suivre certaines péripéties assez techniques, mais, comme dans les James Bond, on s'en fiche un peu si on rate quelques subtilités financières ou juridiques, qui sont là davantage pour varier le décor et le propos que pour véritablement nous avertir sur les perversions du système capitaliste. Encore que. On peut malgré tout en retirer l'idée que les petites tractations coupables qui se passe au-dessus de nos têtes ne sont guère plus honorables que n'importe quel trafic plus ou moins licite d'essences rares ou d'animaux exotiques. Bien sûr, c'est révoltant, mais notre héros inoxydable est là pour tenter d'y mettre bon ordre, avec plus ou moins de succès, tandis que gravitent autour de lui une palanquée de personnages secondaires qui ne manquent pas d'intérêt, grâce à leur nature ambiguë, la plupart du temps. Bref bref bref, un plaisir encore renouvelé malgré l'étalement de la franchise dans le temps, et il faut le faire, quand même ! Pour ne rient dire de ce dessin à la ligne si pure qui m'épate à chaque fois. Quelle précision, quelle variété dans les cadrages, et puis, ces couleurs !