À l’éléphant bleu en couverture de 1e tournée succède un ours rose sur une trottinette électrique : rien ne ressemble plus à cet album que le précédent. On peut voir une bouteille à moitié vide, ou à moitié pleine, en tout cas une bouteille qui n’est pas débouchée pour la première fois.
Le vin est-il bon ? Là encore, les amateurs des crus précédents apprécieront la saveur un peu âpre des planches de Fabcaro, qui, si elle ne reste pas longtemps en bouche, est assez caractéristique. (J’arrête avec la métaphore du vin, ça devient aussi chiant à écrire que ça devait l’être à lire.)
On retrouve ce langage qui dysfonctionne parce qu’il ne colle pas aux situations – cf. page 15, « Ça commence à saouler, ces trottinettes partout… » On retrouve cette observation moins conne qu’il n’y paraît du jeu des convenances sociales (« Je suis sans emploi… / … dans les énergies renouvelables », p. 40). On retrouve ces cases au dessin figé, qui ressembleraient presque à des croquis d’audience, et qui renforcent encore l’artifice des (inter)actions sociales qui fournissent leur thème à l’album.
Et surtout, on retrouve une absurdité à peine plus absurde que la réalité. Cette absurdité-là fait rire – ou pas, mais à la rigueur ce n’est même plus la question – uniquement parce qu’elle pousse un peu. Quand un écolier en dénonce un autre (« Madame, Yoann il a dit que mon père est manager conseil… ») à une institutrice qui réagit en fonctionnaire éthique et responsable soucieuse du vivre-ensemble (« Tu aimerais, toi, qu’on dise que ton père est manager conseil ?!… »), ou quand l’entreprise qui a créé la formule « Bon appétit » procède à une réunion pour contrer l’innovante « Bonne dégustation » de la concurrence, on n’est pas très loin de la réalité.
Si vous avez l’album, jetez donc un œil à la conversation de la page 7. Je suis persuadé qu’un jour, quelque part dans le monde, elle a réellement eu lieu.