Frank Miller fait parti des rares auteurs de comics à être connu du grand public. Il doit cela aux adaptations de deux œuvres très fortes, déjà réputées hors du simple milieu des amateurs de BD : Sin City et 300. Cela dit, cette dernière est souvent mise à une place qui ne lui revient pas nécessairement de droit.
Qu'on aime ou non le travail de Znyder, celui-ci a su donner une fougue, une énergie et une esthétisation à 300, dans son films. Il a su rendre le personnage de Léonidas encore plus marquant et les personnalités, charismatique (ou bad-ass, c'est au choix) des différents antagonistes sont bien représentés dans le film.
Trop souvent, on oublie que cela est adapté de la BD de Miller. Miller ... Un artiste comme le monde du comics n'en compte que peu. Aussi génial que fou, cet auteur est connu pour ses grandes prises de positions plus ou moins acceptables. On sait que Miller est un amoureux de l'armée, qu'il supporte farouchement ceux qu'il considère comme "des vrais hommes".
300 raisonne à juste titre comme un cri du coeur de Miller pour les militaires. Même si, plus d'une scène joue sur la nudité des spartiates et montre aussi une forme d'humour que Miller peut avoir envers lui-même.
Je suis amateur de Miller mais pas un amateur de Miller. J'ai adoré son run sur Daredevil, j'ai été galvanisé par sa narration sur The Dark Knight Return (et vu de nombreux défauts), j'ai soupiré après son Year One, j'ai pleuré devant la beauté de son Sin City.
300 est très loin de cela.
300 est un film sur la guerre, dur, violent, agressif et rapide. 300 est une rixe, il se lit rapidement et s'admire longuement.
Publié en 1998, j'ai beau n'avoir vu le film qu'une fois et il y a longtemps, j'ai toujours été étonné de voir à quel point Znyder a essayé d'adoucir certains propos de Miller, de justifier finalement cette bataille. Miller s'en fiche, il veut juste montrer une guerre, une violence. Il ne justifie guère quoique ce soit et, de ce fait, 300 est très loin de briller de par son scénario.
Certes, on est galvanisé. Certes, on remarque rapidement l'idée d'une reconstruction de la vision de Miller sur le monde contemporain : les américains/spartiates sont les seuls vrais soldats, aidés par des gens de bonnes volontés mais manquant d'entrainement (les autres grecs/européens) et ils doivent sauver le monde qui est menacé par des gens sans culture, sans talent, qui ne sont que des esclaves d'un faux Dieu les perses. Sans m'étendre dessus je pense que, globalement, Miller renvoie ici, globalement, à toute la culture orientale même si cela touche particulièrement la culture arabe et perse.
Le message est effectivement très moyen, mais, heureusement on peut apprécier la BD sans cela.
Le dessin de Miller est franchement superbe, ne le nions pas et Linn Varley ajoute une maîtrise totale de la couleur. Cette BD est belle, il y a un soin apporté à la grandeur de la violence, de la guerre. On voit une véritable esthétisation de la guerre. Une guerre sans espoirs, comme seul le sait Léonidas, mais une guerre par principe.
Globalement, la BD manque d'autre chose, il y a un message, certes, mais on peut quand même ne pas l'apprécier. Et pour la profondeur, c'est quasiment absent, on a juste une ode à la guerre, un esthétisation de la guerre, une bataille ultime où Miller veut nous faire ressentir toute la puissance de cet affrontement.
C'est réussi mais c'est, finalement, assez pauvre comme résultat.
En sommes, j'ai vraiment aimé 300, mais je ne vois pas comment on peut mettre plus de 7 tant l'oeuvre a des limites, de par sa vitesse d'exécution et la volonté, affichée, de ne pas traiter d'autre chose en profondeur.