7 Milliards d'aiguilles par Ninesisters
C’est l’histoire d’Hikaru, une lycéenne japonaise asociale, qui par un coup du sort légèrement ironique se retrouve à cohabiter avec une entité nommée Exaether, et bavarde de surcroit. Cela nous mène à un début presque comique, avec ce personnage à la Shinji Ikari obligé bien malgré lui de converser avec un parasite indésirable.
Mais la série prend rapidement un ton beaucoup plus sombre, puisqu’il s’avère que cette créature doit combattre le Maelström, autre entité alien mais dont l’existence ne semble vouée qu’à la destruction des espèces vivantes.
Comme le mangaka fait bien les choses, il a atterri dans le corps d’un autre élève du lycée ; les deux s’affrontent – puisque la fusion avec Exaether a doté notre héroïne de capacités surhumaines – mais se séparent sur un match nul. N’ayant pas pu voir exactement qui il a combattu, Maelström va commencer à s’en prendre à toutes les filles ressemblant à Hikaru, et cela va provoquer un massacre.
7 Milliards d’Aiguilles est un manga violent, non seulement ça mais il est aussi glauque. Maelström ne se contente pas de découper ses victimes en balançant du sang partout, il peut aussi les absorber sous la forme d’amas de chaire humaine ; il intègre alors leurs souvenirs et leur personnalité, mais ceux-ci sont dès lors mortes. Et si d’aventure il devait s’en prendre à des proches de l’héroïne, il aurait à sa disposition une arme psychologique redoutable.
C’est comme cela que 7 Milliards d’Aiguilles m’avait été vendu, donc il n’y a pas de surprise. Le trait de Tadano Nobuaki parait simpliste mais diffère suffisamment du tout-venant pour donner une identité au titre, et l’histoire se laisse parcourir avec grand plaisir. Sans être exceptionnel, cela passe tout seul et cela correspond à ce que j’en attendais.
Beaucoup plus surprenant, c’est la façon dont est agencé ce manga. Sans vouloir non plus dévoiler l’intrigue, la série résout ses enjeux dès le premier tome. Le second est consacré au passé de l’héroïne, et les deux derniers développent une troisième histoire. Bien sûr, tout cela se fait de manière relativement logique, puisque chaque arc aura des conséquences qui se répercuteront sur la suite ; ce n’est pas totalement un hasard si tout cela arrive à Hikaru en particulier.
Enfin, « pas totalement un hasard », il faut le dire vite. Si elle croise un adversaire dans le tome 2, c’est au contraire totalement un hasard ! Enfin, c’est surtout voulu par l’auteur, car sans ça, impossible de faire progresser quoi que ce soit… Facilité ? C’est une évidence. Le résultat est aussi bon que dans le premier volume, mais il ne faut surtout pas chercher le pourquoi du comment.
Honnêtement, le mangaka ne fait même pas semblant d’écrire quelque chose de cohérent ; l’impression que cela m’a laissé, c’est qu’il était parti pour une série en un tome, il règle toute son histoire en fonction, et doit donc truander un peu pour pouvoir écrire cette suite. Mais ce qui en ressort méritait effectivement le coup d’œil, donc bon, je vais faire comme si je n’avais rien vu.
La dernière histoire, celle présente dans les volumes 3 et 4, se situe malheureusement un cran en-dessous en terme d’intérêt et de plaisir de lecture. Là encore, le mangaka joue avec la logique pour mettre en place une intrigue supplémentaire, et ce n’est pas forcément en accord avec ce qu’il avait raconté précédemment. Même si dans le lot, il introduit tout-de-même un ou deux thèmes plus intelligents que la moyenne, qui m’ont interpelé. Hélas! si le tome 3 se laisse lire sans déplaisir, le dernier s’avère trop linéaire, pour aboutir à une conclusion moins impressionnante que ce que l’auteur avait pu nous proposer jusque-là. C’est donc assez dommage.
Dans l’ensemble, je garde une bonne impression de ce manga, malgré de nombreuses facilités dans son écriture. Le mangaka arrive régulièrement à nous surprendre avec des retournements de situations inattendus (notamment à la fin du second tome), il possède une bonne maitrise de ses scènes d’action, et il en découle une lecture des plus appréciables, avec trop de défauts pour être véritablement transcendante, mais pas non plus bonne à jeter.