- Humpf ! Félicitations, jeune homme ! Très malin de vous être laissé filer jusqu'ici comme un novice !
- C'est votre faute ! Au lieu de nous recommander la prudence en venant ici, vous vous livrez à des plaisanteries qui...
- Vous, taisez-vous... Où je vous envoie au Diable !!!
- Merci ! J'y suis déjà !!!
Sorry, fiston !
Ric Hochet, tome 9 : « Alias Ric Hochet », par les éditions du Lombard est le neuvième tome des investigations de Ric Hochet, par le duo prolifique Gilbert Gascard dit ''Tibet'' et André-Paul Duchâteau. Une nouvelle enquête dans laquelle notre journaliste du grand quotidien "La Rafale", se transforme en agent de sécurité pour les recherches du professeur Hermelin, qui a entrepris pour le gouvernement des recherches sur l'amplification de la lumière par émission stimulée de radiations. Une mission qui rapidement s'avère difficile puisqu'une organisation secrète entreprend de voler les plans de conception du prototype. Une intrigue aux airs de romans d'espionnage qui s'avère n'être qu'une façade pour Duchâteau, qui à travers cet album lève le voile autour du passif énigmatique de sa vedette principale. Dès les premières pages, on apprend que Ric est un orphelin par le biais d'un échange avec le professeur Hermelin, permettant également d'observer un lien avec le tome précédent "Ric Hochet face au Serpent", tout en mettant en avant la droiture et la bonté de ce cher Ric.
« - Heureux de vous revoir, Ric ! Et bravo ! J'ai suivi l'affaire du « Serpent » ! Vous avez mille fois mérité la prime attribuée par les industriels !
- Trop aimable, professeur !
- Si ! Si ! Et c'est très chic de l'avoir versée à l'oeuvre des orphelins qui s'est chargée de votre éducation ! »
Une bonne manière d'harponner le lecteur, qui dès lors, se retrouve submergée dans une allégorie à caractère dramatique. Une symbolique scénaristique autour de la notion de l'enfance et de la figure parentale.
Une ligne conductrice qui pour faire sens présente un retournement tragique par le biais d'un adversaire inattendu pour Ric. Un mercenaire doté de capacités hors-normes qui semble tout connaître de Ric, répondant au nom de code « Rubis ». Un homme mystérieux que les dessins de Tibet prend bien la peine de dissimuler aux yeux du lecteur qui ne cesse de se demander qui est cet ennemi. Une modulation sous suspense efficacement entretenue, offrant une virevolte scénaristique renversante lors de la révélation de l'identité de cet adversaire.
« - Oh ! Inouïe !... Du beau travail !... Vous avez imité ma signature... Ma voix... Vous vous êtes fait mon visage... Un masque, évidemment, ou bien...
- Non, petit... Finie, la comédie !... À quoi bon... ?... Si nous nous ressemblons si fort, c'est... C'est parce que... Parce que je suis ton père, Ric ! »
Un bouleversement enrichissant pour le récit qui tout à coup impose une richesse dramatique saisissante au périple qui se joue. Une intrigue avec des ressorts scénaristiques passionnant autour de notre cher Ric Hochet.
Ici Thierry Roland en compagnie de qui, depuis Marseille, vous allez assister à la ren... Rectification ! Ici Richard qui va mettre un point final à la carrière de Bourdon si vous lancez l'alerte !... Vous êtes cerné, Ric...
Si la dualité entre les deux hommes assure des moments trépidants, les différentes actions proposées autour de l'intrigue initiale, concernant l'organisation de l'ombre en quête du projet d'Hermelin, s'avèrent bien légères. Une série de confrontations organisée autour d'un terrain de jeux symbolisé par un magasin de jouets servant de couverture à la fabrique du projet gouvernemental secret. Un cadre fortifié propice à livrer des scènes mouvementées dignes de ce nom. Malheureusement, les différents rebondissements se contentent du strict minimum. Des séquences qui pourtant à chaque fois démarrent fort, pour fatalement s'achever sur des éléments bien simplistes et faciles. Devant chaque action on pense laisser échapper une exclamation réjouissante qui regrettablement à chaque fois nous limite à un simple : « mouais ! ». En témoigne la confrontation finale sous forme de course-poursuite haletante dans les airs entre deux Cessna. Un affrontement prometteur qui débute fort pour se terminer subitement par un élément hors-champ venant mette un terme à la réjouissance. Pour résumer, c'est sympa mais ça aurait pu être clairement mieux ! Une faiblesse en partie rattrapée par les dessins de Tibet. Des élaborations satisfaisantes autour de certains cadres permettant des effets en contrechamps honorables. On se régale de la conception du repaire secret du projet de Hermelin, qui sans être exceptionnel offre des décors bienvenus. Un environnement honnête bien que Tibet nous a habitués à bien mieux à travers certains albums précédents.
Côté personnage, Ric Hochet retrouve de sa superbe à travers un développement gratifiant. On en apprend davantage sur le journaliste qui s'avère bien moins superficiel à travers trouble passif faisant irruption de bien bonne manière. Le commissaire Bourdon est toujours autant sympathique à suivre, surtout qu'il retrouve le terrible Hermelin dont il ne supporte pas la compagnie. Professeur Hermelin est de retour ! Un personnage nocif très amusant, découvert dans le tome 6 : « Rapt sur le France », qui refait son retour d'une manière bien sympathique. La vedette revient sans contestation possible à Richard Hochet. Un ex-cambrioleur de haute volée recherché par Scotland Yard, surnommé « Richard Cœur de Lion ». Un gentleman cambrioleur qui à la mort de sa femme a dû abandonner son jeune fils à une œuvre à laquelle il envoyait de l'argent anonymement. Une vie aventurière illégale à laquelle il ne pouvait convier son fils. Lorsqu'on connaît la droiture de Ric, Richard en tant que criminel offre une dualité passionnante entre les deux hommes. Du côté des méchants c'est le désintérêt absolu. Une organisation criminelle qui ne tient pas la route et s'avère bien frêle et bien démunie. Si bien, qu'on se demande comment ils peuvent poser problème au gouvernement. Malgré des tentatives à vouloir bien faire, que ce soit le chef de la bande des malfaiteurs "Diamant", où ses collègues "Opale" et "Saphir", c'est le néant total ! Enfin, je tiens à saluer le petit clin d'œil très sympathique autour de la venue de l'animateur et vedette du petit écran "Thierry Roland". Une apparition de quatre cases pour celui qui fut "la voix du football". « Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible... »
CONCLUSION :
Le duo, Gilbert Gascard dit ''Tibet'' et André-Paul Duchâteau, propose avec « Alias Ric Hochet », un neuvième album saisissant autour de la dramatique de notre journaliste héroïque dont on dévoile le passif tragique. Une exploration édifiante imprégnée par l'arrivée d'un nouveau venu ô combien important pour le développement du récit, voir de la franchise. Une bande dessinée importante qui malheureusement souffre de la retenue de ses concepteurs autour de la menace proposée, ainsi que dans les actions.
Une posture regrettable pour ce qui aurait pu être un des meilleurs albums de la saga. Reste une bonne aventure !
Adieu fils. Je t'ai causé assez d'ennuis comme ça ! Mais je suis fier de toi ! À plus tard qui sait ? R.