Présente dans 4 albums avec un rôle majeur à chaque fois.

Un personnage courageux capable de manier la mitrailleuse tout en s'occupant d'un bléssé (les mystères de Midway)

J'ai nommé l'infirmière militaire SUSAN HOLMES.

Qui n'hésite pas à sauter en parachute dans la jungle en pleine nuit (Dans les griffes du dragon noir)

Qui affronte crocodiles et serpents d'eau à coup de bâton.

Qui, en plein incendie chez les redoutables guerriers moï, sauve ses compagnons en tirant à la mitraillette.

Même lorsqu'elle n'est pas aux cotés de Buck Danny elle ne reste pas inactive tel les potiches écervelé que les BD de l'époque nous servent puisque que c'est en plein siège de la ville chinoise de Sin-Kiang qu'on la retrouve occupé à sauver des enfants chinois d'une mort certaine (Les tigres volants p.22). A Buck qui s'oppose à la surcharge de l'avion chargé de l'évacuation, elle répond par un ultimatum.

Buck : Quatre vingt ?!! Mais l'avion peut au maximum emporter vingt et un adulte et à peu près soixante enfants.

Susan : Je ne puis en abandonner vingt ! Ce serait inhumain !

Buck : Mais Susan c'est la mort pour tous ! Un décollage sur ce terrain trop petit est déjà scabreux avec un zinc normalement chargé. !

Susan : Alors personne ne partira !

Buck Danny cède et bien sûr réussira (dame c'est le héros quand même).

Après un tel retour Miss Holmes devient un élément majeur du récit. Non seulement le colonel de la base lui confie le soin d'aller chercher des plans secrets (d'une importance capitale of course) mais c'est elle qui élabore le plan d'action en réintégrant Buck Danny comme pilote (si elle avait eu une autre idée la saga aurait changé de nom).

Durant la suite de l'aventure ce brave Buck va se faire rouler dans la farine par la méchante Miss Lee et si le méchant Mo qui a pris la place de Buck ne s'empare pas des plans c'est de nouveau grâce à Susan qui d'abord démasque la ruse du traitre puis pour lui échapper (et sauver les précieux plans) saute en parachute dans la jungle.

Il faudra bien des efforts à Buck flanqué de ses deux acolytes Sony et Tao (car tout seul il ne vaut pas tripette) pour rejoindre la belle qui dans la jungle patauge dans les marigots, affronte les serpent à coup de bâton et réussit même à renverser dans la vase l'infâme Mo Choung Young qui bien sûr voulait lui arracher les précieux plans (il en perd lunette et mitraillette). Il faut plusieurs pages à Buck pour débarquer et sauver la belle sur le point d'être dévoré par les crocodiles.

Une fois la petite troupe constitué un road trip s'engage à travers la jungle la montagne la mer, avec tempête naufrage incendie de forêt etc.

Périple tumultueux dans lequel Buck Danny ne se distingue pas plus que ses compagnons et où l'héroïque infirmière a souvent le meilleurs rôle notamment durant la séquence chez les guerriers moï ou elle sauve le groupe en tirant à la mitraillette après faillit périr la tête broyé par un éléphant au cours d'une cérémonie témoignant d'un sadisme effrayant.

Notons qu'une fois de plus le héros Buck est dans l'affaire singulièrement impuissant. Si finalement la petite troupe se sort du guêpier c'est grâce à l'action combiné de Susan Tao et Sony qui est parvenu à se libéré une main tandis que Buck reste prisonnier de la gangue qui l'emprisonne.

Qu'ajouter de plus sinon qu'en toutes circonstances la vaillante demoiselle se montre à la hauteur, sachant pêcher quand isolé sur un ilot le groupe a faim étant prête à se sacrifier quand il s'agit de sortir d'un sous marin en perdition.

Tao : Le dernier qui restera ici sera sacrifié. Il ne pourra pas sortir, car il n'y aura plus personne pour manoeuvrer à son profit le lance torpille.

Buck : Je suis le chef ! A moi de rester le dernier.

Susan : Jamais ! Une femme est moins utile qu'un soldat ! Je me sacrifierai !

Si chacun fait assaut d'altruisme c'est Susan qui la première conteste à Buck le choix du sacrifice.

Vous ais je convaincu de l'exemplarité du personnage ?

Eh bien figurez vous qu'elle disparait crac d'un coup à la fin de l'album "Attaque en Birmanie" quand une fois les plans arrivé à bon port les aviateurs retrouvent leurs base.

Avant dernière page.

Susan : "Good bye pals ! Je sous regretterai là bas !"

ET ON NE LA REVERRA PLUS JAMAIS DE TOUTE LA SAGA. (ni en Arabie, ni en Corée, ni dans le grand nord, ni au Tibet, ni nulle part, CHERCHEZ PAS ELLE N'Y EST PAS!)

Et pourtant, quelle belles aventures les aviateurs intrépides et la courageuse infirmière aurait pu faire avoir. (Ne parlons pas de marmots).

Pourquoi un tel abandon ??

On peut noter que l'importance de Susan s'estompe un peu lorsque durant la dernière partie du périple Tumbler quittant son rôle d'agent double auprès des japonnais rejoint le groupe.

L’argument d'un effacement des personnages féminin des récits pour la jeunesse (sous l'influence de la loi de 1949) ne tient guère dans le sens où Charlier fait intervenir dans les trois albums suivant (Les trafiquants de la mer rouge, les pirates du désert, les gangsters du pétroles) deux personnages féminins n'ayant pas froid aux yeux la fille du cheik Myriam Bint Maahdi et l'agent secret britannique Muriel Hawthorne qui partage avec Susan Holmes la même intrépidité.

Et après ?

Plus rien on constate une quasi disparition des personnages féminins durant des années (et des albums) avant que la femme ne réapparaisse dans le rôle transgressif de méchante. Transgressif parce qu'elle cherche à prendre la place des hommes en 1956 Lady X comme pilote et chef de bande apparait comme un double inversé de Buck Danny. Ce que Susan Holmes ne fait jamais si elle en arrive à utiliser une mitrailleuse de bombardier (Les mystères de Midway) ou a tirer à la Thompson sur des guerrier Moï (Dans les griffes du dragon noir) c'est à chaque fois pour remplacer les hommes empêchés.

Where is Susan ? (ou les raisons d'une disparition).

Faute de réelles explications de la part des créateurs Charlier et Hubinon nous en sommes réduit aux hypothèses.

On remarque d'abord qu'à partir du début des années 50 plusieurs évolutions de la dramaturgie des récits s'effectue.

Les histoires se simplifient a partir de l'épisode "Ciel de Corée" le récit se concentre sur un problème et gagne en linéarité. Si les héros sont toujours aussi malmenés, ils ne subissent plus péripéties sur péripéties le long d'une intrigue à rallonge parfois très embrouillé comme dans le cas du cycle de la guerre du pacifique et encore aussi de celui des aviateurs démobilisés.

L'intérêt d'une publication en album semble avoir été à cette égard décisif pour l'évolution des récits qui doivent désormais tenir en 44 planches (ce que des créateurs comme EP Jacobs, M. Tillieux auront parfois bien du mal à respecter).

Cette recherche de fluidité et de simplification du récit semble aussi avoir accélérer l'adoption d'un groupe héroïque plus réduit (la forme du trio étant privilégié) contrairement aux récits des années 40 qui pouvait souvent mettre en scène des groupes héroïques numériquement plus importants.

Le Rayon U d'EP Jacobs paru en 1942 met en scène un groupe de six explorateurs dont une jeune fille qui partage avec Susan Holmes le fait de servir d'exutoire sadique lors de la confrontation avec des peuplades sauvages. La série de sf "Vers les mondes inconnues" paru en 1943 dans le journal collaborationniste "Le téméraire" présente aussi un groupe héroïque élargit avec présence d'une jeune femme.

Notons que dans les deux exemples précité les jeunes filles constitue des objets de convoitises plus ou moins implicitement sexuelles (de manière chaste et galante chez les gentils blancs de manière plus cru et chez les "sauvages"). Chez Buck Danny le personnage de Susan Holmes est à cette égard très en retrait de celle de la Sylvia du Rayon U.

Ses compagnons masculins ne font pas spécialement preuve de galanterie à son égard et elle ne constitue pas une charge particulière pour la troupe (au contraire elle les sauvent à plusieurs reprise).

A cette évolution dramatique on peut également poser l'hypothèse d'une évolution du message sociologique des séries.

Alors que durant les années 40 le message s'inscrivait dans une logique d'union face à un ennemi déshumanisé (les groupes héroïques élargit réunissent des personnages d'horizons différents, à coté des deux américains Buck et Sony, se trouve la femme Susan et le chinois Tao).

Les années 50 s'attachent à mettre en scène une certaine norme sociale dans laquelle les rôles sont nettement définis.

L'aventure policière et guerrière se présente comme exclusivement masculine tandis que la femme va pour quelques temps se trouver cantonner au rôle de gardienne du foyer. En 1958 l'épisode "SOS soucoupe volante" met en scène le personnage de l'épouse parfaite du pilote Lester (mère de famille et femme au foyer) qui apparait comme le parfait contre exemple de la trangressive Lady X.

La "disparition" de Susan Holmes peut historiquement se lire comme l'illustration du retour en arrière qu'enregistre les historiens après les 2 deux conflits mondiaux par rapport à la condition féminine. Les femmes ayant durant le conflit pour palier à l'absence des hommes mobilisé dut /put occupé des postes précédemment exclusivement masculins. La fin des hostilités se traduit par un retour rétrograde à l'ancien ordre sociale.

Un souhait !

Et si au lieu de nous servir une énième resucée d'aventure des trois aviateurs les créateurs s'emparaient du personnage de Susan Holmes pour le tirer de son oubli et lui faire enfin vivre les aventures qu'elle mérite et dont ELLE A ETE INJUSTEMENT PRIVEE !

Chiche messieurs les créateurs ?

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le 30 oct. 2023

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