Au nom du Père est ce genre de bouquin qui ne paie pas de mine, mais possède une maquette suffisamment bien faite et intrigante pour vous attirer l’œil au milieu des autres albums.
Petit pavé au format non conventionnel pour une bandé dessinée : dos carré collé, et intérieur noir et blanc : ça sent bon l'alternatif.
Chez Physalis, nouveau petit éditeur montant, on a déjà aimé : Catamount.
Eva est une jeune beauté métisse black, qui traîne le soir les quartiers mal famés d'une grande ville indéterminée qui pourrait être dans le sud de la France, ou en Italie, vu l'origine des auteurs. Elle Zigouille des malfrats, puis, après s'être évaporée, puis changée, passe le reste de la nuit en boite avant de rentrer dans son appartement sécurisé ou elle s'occupe de son père d'adoption handicapé suite à un AVC. Ce type est un ex mafioso planqué, et Eva, élevée à la dure, réalise des contrats, avec sa bénédiction.
Un jour, un quadruple contrat, très difficile, lui est proposé. Elle doit récupérer trois codes permettant de détourner un grosse somme d'argent. Dans quelle embrouille s'est elle fourrée ?...
Je ne connaissais pas les auteurs, qui ont pourtant déjà publié quelques albums à série chez Soleil, entre autre. Il est fort à parier, néanmoins que, vu le niveau de ce polar bien nerveux et superbement dessinée, leur carrière pourrait connaître un rebond mérité.
Non seulement le scénario, certes assez classique dans le fond, (cf Léon au cinéma par exemple), possède de réelles qualités, avec un supplément d'originalité qui fait la différence, un bon sens du suspense, et une violence revendiquée assez jouissive. Mais le style graphique d'Accardi, avec son noir et blanc à la fois dynamique et aux aplats un peu charbonneux à l'occasion, rappellera par moments aux amateurs celui du grand Jordi Bernet. Une élégance qui fait la différence.
Un roman graphique impeccable, et une belle découverte.