Cherchant à rentrer chez lui (dans la Réserve), Amos est désormais poursuivi comme voleur de chevaux, ce qui reste un sacré délit dans l’ouest américain. Justement il est repéré par des cowboys (blancs, évidemment), qui sont chez eux désormais.


En fuite, Amos échappe à une course-poursuite grâce à un mystérieux personnage au visage masqué par un foulard. Sa fuite a attiré l’attention d’un groupe qui cherche une revanche par rapport aux blancs qui se sont approprié les territoires des Indiens. Les membres de ce groupe vivent en guerriers, allant jusqu’à monter une opération pour s’approprier des armes. Dans ce groupe figure Ina (rien à voir avec l’Institut National de l’audiovisuel), une charmante jeune femme séduite par le fait que dans certaines circonstances, Amos a les mains chaudes et que cela soulage la personne sur qui il appose ses mains. Ina a un petit frère qui se fait appeler Batman à cause de la casquette qu’il a perpétuellement vissée sur le crâne.


Avec ce groupe, Amos parfait sa connaissance de l’histoire indienne (des siens). Ina lui montre une stèle à la mémoire de la bataille de Little Big Horn où la nation indienne a vaincu le général Custer le 25 juin 1876. Mais elle lui parle aussi de Wounded Knee, le massacre de la nation indienne en décembre 1890. Là, sa famille a été décimée. Il a fallu attendre longtemps (hiver 1973), pour organiser une réaction, concrétisée par une résistance de 71 jours terminée par des promesses non tenues. Depuis, Ina et ses amis considèrent que la voie pacifique est exclue, malgré une prophétie faite à Wounded Knee « Quand les hommes rouges commenceront à s’unir, toutes les autres races les rejoindront. »


Mais Ina a un véritable point faible et le but qu’elle poursuit est sans doute irréaliste. Tout cela finit mal et Amos est arrêté car son ancien employeur a porté plainte contre lui (sous prétexte qu’Amos lui aurait volé Shannon).


Encore un album de 60 planches, achevé le 8 mars 1995 bien dans le style de Derib, avec son sens de la narration au moyen du neuvième art et quelques somptueux dessins au passage comme à la planche 35. Le destin d’Amos se précise, parce qu’il rencontre d’autres Indiens qui ne se contentent pas de subir la domination des hommes blancs, les wasichous. Mais si Ina et son petit frère ont des convictions et sont prêts à en découdre, leurs moyens restent dérisoires. Autant dire qu’au vu de leur petit nombre, leur combat est perdu d’avance. Probablement le sentent-ils, mais ils cherchent à se battre, faire sentir qu’ils ne sont pas d’accord et qu’ils sont prêts à aller jusqu’au bout pour défendre leurs convictions. On remarque évidemment qu’Ina est la plus déterminée mais aussi la plus vulnérable. Ses addictions ne se limitent pas à la fumette, probablement par désespoir. Et si elle considère que Batman a tout pour devenir un guerrier, il ne fait guère de doute que ce combat soit celui de l’impossible. Mais, quelle est la bonne voie ? Celle de la vengeance et de la violence est une cause impossible, Derib le fait bien sentir en donnant une « visions auditive » à Amos au moment où il s’en prend à celui qu’il considère, dans sa fureur, comme responsable de la perte d’Ina. Il reste donc à Amos à accepter ses origines et ses talents profonds pour trouver sa véritable voie et accomplir son destin. Si l’un de ses compagnons de lutte trouve « le bon jour pour mourir » l’heure n’est pas encore venue pour lui.


Sixième album de la série et troisième de la deuxième partie, Bad lands prépare doucement le lecteur à aborder la fin de cette histoire. Pour celui qui découvre la série, l’impatience de découvrir le destin d’Amos est nette. Pourtant, cette deuxième partie de la série est moins marquante que la première. La faute sans doute au fait qu’on se situe désormais à une époque qu’on connaît beaucoup mieux, car proche de la nôtre. L’univers des Indiens d’Amérique est malheureusement désormais relégué au rang de souvenir historique.

Electron
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le 31 janv. 2018

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