Lancinant... peu d'actions et pourtant une atmosphère lourde. C'est normal, le suspect, Yeong-Won, est accusé de trois meurtres et d'un enlèvement. C'est ce grand jeune homme, balourd et un peu nigaud. Il est employé au marché de poissons et tourne autour de Hui-Ju, une jeune fille.
Tiré d'une histoire vraie, ce manga coréen offre une esthétique à cette révélation. Qui a tué? Lui pour sûr! Mais quand a-t-il commencé à devenir dangereux? Il attendait Hui-Ju à l'arrêt de son bus et il la raccompagnait chez elle. L'adolescente semblait attachée à ce grand gaillard. Quelle est donc cette relation? amicale?
Yeong-Won est interrogé avec force et violence. Les policiers voient en ce suspect un empoté sadique mais ne comprennent pas son silence, lui ne fait que regarder Hui-Ju dont il a tué toute la famille.
Le développement lent est très bien retranscrit par ses flash-back et ses pauses sur ces instantanés. Nous revoyons plusieurs fois Yeong-Won sur son vélo ou la scène de Hui-Ju venue le voir le soir chez lui. L'auteur amène le tout avec de belles mises en scène. Sa jeune fille presque sans visage (la couverture la montre même sans yeux ni bouche) est comme effacée. Les espaces vides, le gris et le flou prennent plus de place: la pluie, le sentier, les murs des maisons. L'air benêt de Yeong-Won attire sur toutes les pages.
Ma grande émotion de lecture découle plus de ce que ce manga relate un film asiatique que j'ai vu (film coréen sûrement), j'en connaissais donc tous les éléments. Ici le sordide ressort, l'évidence aussi, puis le ressenti de Yeong-Won mais avec un peu moins de puissance. Je me rappelais d'une très grande finesse d'émotions du tueur, ici juste une impression.